La Luftwaffe qui venait tout juste d’être recréée en 1956 s’est très vite intéressée au N.2501 dont le premier appareil de série avait volé dès novembre 1952. Le budget de la Luftwaffe prévoyait notamment l’achat d’avions de transport moyen.
Cent quatre-vingt sept N.2501D furent achetés : les vingt cinq premiers livrés directement par la France, les suivants assemblés sous licence en Allemagne. Ils avaient tous les longs raccords de dérives qui caractérisent les Nord français à partir du n°81. Trois LTG (LuftTransportGeschwader) de deux escadrons chacune et l’Ecole de pilotage du Transport (FFS-S) furent équipées de Nord.
Les codes des avions au début comportaient deux lettres suivies de trois chiffres. Les lettres étaient allouées selon le schéma suivant pour les escadres :
– GA+xxx – LTG 61 créée en 1957 à Erding puis Neubiberg (1958) (insigne : le chamois)
– GB+xxx – LTG 62 créée en 1960 à Cologne (1er Esc) (insigne : l’éléphant)
Le 2ème escadron du LTG 62 créé à Celle devint en mars 1961 le 1er escadron de la 63ème et dernière escadre de Nord pendant que le premier escadron du LTG 62 déménageait sur la base de Alhorn où il fut renforcé par un nouveau « deuxième » escadron dès 1963.
– GC+xxx – LTG 63 créée à partir du 2è escadron du LTG 62 à Celle (insigne : l’abeille)
Dans chaque escadre, le premier chiffre (1 ou 2) du code correspondait à l’escadron.
– Pour l’Ecole de pilotage (FFS-S) : AS+xxx
– Pour le Centre d’essais en vol allemand (Erp St 61) : YA+xxx,
Les autres utilisations (moins connues) furent:
– L’Ecole technique TSLw3 : BF+xxx
– L’Ecole militaire WS-50 : BD+xxx
Sans oublier les codes de convoyage, KA+xxx, et de stockage, GR+xxx.
A partir de fin 1967 les codes des aéronefs allemands changèrent de style : deux chiffres+deux chiffres le nombre composé par les quatre chiffres respectaient l’ordre des N° de série initiaux mais comme ils tenaient compte des appareils retirés, le spotter devra retrouver le tableau de correspondance !
Quelques N.2501D furent utilisés comme remorqueurs de cible au profit de la Kriegsmarine : ils étaient peints en gris foncé avec des bandes anticollision sur l’avant et l’arrière du fuselage. Ils ont eu successivement une immatriculation civile en D-xxxx puis une forme plus militaire en quatre chiffres : ’99+13′ pour le n°138, ’99+14′ pour le n°152 et ’99+15′ pour le n°154.
Outre les deux principaux utilisateurs (France et RFA), deux pays ont commandé des Noratlas neufs : le Portugal (six N.2502F) et Israël (six N.2501IS).
Le Portugal avait un grand besoin de moyens de transport pour mener sa lutte contre les guérillas que le bloc communiste alimentait en Guinée en Angola et au Mozambique. Dès 1960 il acheta six N.2502 à UTA (codés 6401 à 6406). En 1962 il commanda six N.2502F neufs (codés 6407 à 6412) à la France et racheta trois N.2502B (codés 6413 à 6415) à la compagnie Air Algérie. Ces quinze N.2502 de diverses provenances étaient caractérisés par leurs réacteurs d’appoint en bout d’aile. En 1965 le Portugal obtient une demi-douzaine de N.2501D de la RFA, ces cessions seront suivies de plusieurs autres; au total 16 à 18 (selon différentes sources) N.2501D seront utilisés par la FAP dont le dernier Nord (le N.2502F ‘6412’) sera retiré en 1977.
La Heyl Ha’avir a commandé trois N.2501IS dès 1953 à ce qui était encore la SNCAN. Cette livraison (en 1955) fut suivie d’une autre commande pour trois N.2051IS supplémentaires livrés début 1959. En 1962 la RFA transféra une dizaine de N.2501D à Israël. L’année suivante sur une dizaine de N.2501D prévus initialement pour le Nigéria, une demi-douzaine d’appareils furent finalement acquis par Israël, portant le total de transfert à partir de la RFA à seize Nord. Au sein des forces israéliennes, le Nord a reçu le camouflage trois-tons caractéristique de la Heyl Ha’avir.
L’Armée de l’Air grecque a reçu en cession 41 N.2501D de la RFA entre 1969 et 1971. Trois exemplaires supplémentaires seront offerts en 1975. Ils sont regroupés au sein de la 354ème Mira créée en 1970 à cet effet sur la base d’Eleusis (près d’Athènes). Ils ont notamment participé aux opérations de 1975 sur l’île de Chypre. En 1982 après l’arrivée du C-130, la 354ème Mira est dissoute et ses derniers Nord terminent leur carrière à la 355ème Mira (avec les C-47 et CL.215) jusqu’en 1984.
Les Nord utilisés par les forces aériennes africaines ont été cédés ou revendus par la France, l’Allemagne, ou le Portugal (et dans une moindre mesure par Israël).
En 1969, neuf ans après son indépendance, le Niger reçut de la RFA quatre N.2501D : les n° D006, 007, 011, 140 codés respectivement ‘5U-MAM’, ‘MAN’, ‘MAO’ et ‘MAP’, ils étaient peints en blanc, contrairement au dernier appareil, le N.2501 n°195 ‘5U-MAF’, cédé en 1977 par la France et qui conserva son fini aluminium.
Nous avons vu (chapitre précédent) que l’ETOM 88 avait volé sur Nord de 1967 à 1983. La jeune république de Djibouti établie en 1977 utilisa d’abord le n°166, prêté par l’ETOM, les n°147 et n°150 seront également détachés en attendant la cession définitive en 1979 du n°147 (avec son ancien code de l’ETOM ‘JN’) qui sera remplacé en fin de potentiel par le n°37 portant l’immatriculation djiboutienne ‘J2-MAC’). En 1981 le n°183 remplace le n°37 en reprenant l’immatriculation ‘J2-MAC’. Tous ces Nord étaient couleur alu et la cocarde nationale a été modifiée en 1979, passant des trois secteurs angulaires vert-bleu-blanc à la disposition concentrique avec étoile au centre.
Indépendant en 1962 le Rwanda ne créera un embryon de force aérienne qu’à partir de 1972. En 1984 la France livre le Nord n°177 ‘T-01, 9XR-GX’ qui sera suivi en 1986 du n°120 ‘T-02, 9XR-GY’ ; cet appareil passa en Tanzanie en 1994 lors de la sanglante guerre civile entre Tutsis et Hutus.
La République Populaire du Congo (RPC ou Congo Brazzaville) était équipée d’avions soviétiques, si l’on excepte les Broussard et C-47 cédés par la France lors de l’indépendance. Ce n’est qu’en 1981 que la France lui vendit son premier N.2501 n°138 ‘TN-236’. Les numéros suivants sont le n°130 ‘TN-234’ (1987), n°94 ‘TN-235’ (1987) et le n°165 ‘TN-236’ en remplacement du n°138 (1988); ils assuraient les liaisons entre Brazzaville et Pointe Noire jusque vers 1996.
Protectorat britannique devenu indépendant en 1960, le Nigéria, gros producteur de pétrole peut se constituer une force aérienne significative en 1963 : il commande une dizaine de N.2501D à la RFA. Seuls les n°D090 et D91 (‘NAF 301’ et ‘NAF 302’) seront livrés le reste de la commande ira en Israël. Dans le milieu des années 1970s les Nord seront remplacés par des F-27 et des C-130.
Après la « révolution des œillets » en 1974 le nouveau régime portugais accorda l’indépendance à ses différentes colonies (Guinée, Mozambique et Angola) et quitta rapidement le sol africain en laissant en Angola une demi-douzaine de N.2501D et N.2502. Une dizaine d’années plus tard, quatre Nord étaient encore stationnés à Luanda. En Mozambique une quantité similaire de Nord furent utilisés par la compagnie d’état COMAG ; ils étaient peints en vert.
Parmi les avions fournis par Israël à l’Ouganda, se trouvait un N.2501, il a été rendu faute de pouvoir le mettre en œuvre comme la plupart des autres appareils livrés par Israël. Le Zaïre s’est intéressé au Nord et une compagnie minière avait même passé en 1977 un marché pour une importante commande (une vingtaine d’exemplaires qui seront stockés sur l’aéroport du Bourget) à la France par l’intermédiaire de la compagnie « Girafrance ». La livraison finale fut annulée en 1981, faute de financement.
Les utilisateurs civils et les autres projets d’acquisition non réalisés ne figurent pas dans cette étude.
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Référence documentaire: « Nord 2501 Le Noratlas », Xavier Capy, Ed. Escale, 1997.