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Aviation de chasse tricolore

Écrit le 08/01/23, dans Actualités France

2023, le creux de la vague

Les chefs d’état-major l’avaient prédit, le retour de la haute intensité est un fait … mais heureusement qu’il ne se produit pas à nos portes : l’aviation de chasse française se trouve en mauvaise posture du point de vue de son matériel, avec moins de Mirage et moins de Rafale qu’elle n’en comptait en 2020 et 2021.

De 2021 à 2023, un quart du parc Rafale de l’AAE aura été prélevé au bénéfice de forces étrangères

Si l’éclaircie est proche sur la flotte de 2000D (environ la moitié des 55 avions prévus sont passés par le chantier de rénovation à mi-vie), on ne peut en dire autant de la flotte de Rafale : avec les prélèvements opérés pour le compte de la Grèce (12 avions de 2021 à mi-2023) et de la Croatie (12 avions à compter de courant 2023), l’Armée de l’Air et de l’Espace comptait 95 Rafale en parc à la fin-2022, et en comptera 98 fin-2023.

Ce 2000D RMV ne va pas tarder à être ‘escadrillé’ par l’ESTA Malzéville

Pourtant la chaîne d’assemblage de Mérignac n’a livré que 14 Rafale en 2022 (dont 1 pour l’AAE !) contre 25 en 2021 (année de Covid …) : il n’y avait pas de goulot d’étranglement du côté industriel. Simplement, le gouvernement n’a pas jugé opportun de changer son calendrier budgétaire de 2020-2021 (issu de la LPM précédente) pour compenser rapidement les prélèvements imprévus au bénéfice des clients européens.

Rafale du Lorraine, au standard F3R

Certaines conséquences pour l’Armée de l’Air ont été indiquées par le CEMAEE, comme la réduction des capacités d’entraînements des équipages (150 heures de vol au lieu de 180 heures minimum préconisé par l’OTAN), ou l’allongement du temps de formation des nouveaux pilotes. Mais il en résulte aussi une capacité d’intervention moindre pour l’AAE, que ce soit pour contrer une crise impliquant directement les intérêts nationaux, ou pour appuyer un partenaire stratégique, un allié, qui en ferait la demande.

Tous les Rafale de l’AAE ne sont pas équipés du RBE AESA

Si l’Armée de l’Air est au creux de la vague en 2023, qu’en sera-t-il dans les années suivantes, pour peu que la nouvelle LPM ne chamboule pas les prévisions ? En 2024, 13 livraisons de Rafale neufs porteront le parc à 105 Rafale, compte tenu du prélèvement de 6 autres Rafale pour la Croatie. En 2025, 13 nouveaux Rafale rejoindraient les tarmacs de l’Armée de l’Air (fin de la tranche T4, et 12 exemplaires compensant le prélèvement grec), portant le total tricolore à 118 Rafale.

Dix-sept ans après sa mise en service, le Rafale n’est pas majoritaire au sein de la flotte d’avions de chasse de l’AAE

La boule de cristal d’Escadrilles ne voit pas au-delà, même si des sources évoquent une commande de 30 Rafale en 2023 au titre de la tranche 5, additionnée de 12 appareils venant compenser le prélèvement croate. Faisons les comptes, 118 Rafale cela fait six escadrons à 15 avions, en tenant compte d’une disponibilité technique de 75% (nous n’y sommes pas). A peine de quoi assurer la réactivation d’un escadron à Orange, et pas assez pour remplacer les 2000 5F de Luxeuil, c’est sûr.

Rafale et guerre en Ukraine : quelle influence sur les standards post-F4 ?

La nouvelle LPM va-t-elle nous engager sur la voie d’un nouvel équilibre entre aviation classique et drones (mais avec quel appareil, et quand ?), ou bien va-t-elle confirmer le rôle du Rafale, dans ses standards F5 et F6, comme pivot de l’aviation de chasse française ? La guerre en Ukraine sera-t-elle le prétexte d’une mutation en profondeur de notre force aérienne, ou bien simplement un autre conflit, plus important que les précédents, venant remettre à jour les tactiques, comme le fut en son temps la guerre en Irak ? Réponse très bientôt !

Alexandre et escadrilles.org