Cette fameuse LPM est maintenant connue grâce au projet déposé sur le bureau de l’Assemblée Nationale : la trajectoire écrite maintient le format global des composantes ‘transport’ et ‘chasse’ de l’Armée de l’Air et de l’Espace, si l’on admet que la cible de 50 A400M n’était plus regardée comme réelle depuis un moment.
L’abandon d’une partie de l’ambition ‘Rafale’ pour 2030 (137 avions au lieu de 185) et la diminution de la cible d’acquisition des 2000D rénovés (48 au lieu de 55) matérialisent un nouveau coup de rabot sur les moyens futurs de l’AAE. Le format global de l’aviation de chasse est cependant maintenu grâce à la prolongation des 2000-5F jusqu’en 2030, preuve s’il en est besoin de la valeur du Mirage. En d’autres temps, qui aurait imaginé en effet que les F-86K de la 13ème escadre de chasse restent opérationnels jusqu’en l’an 2000 ?
La composante stratégique de l’aviation de transport et de ravitaillement en vol est confirmée (15 MRTT en 2030) et une cible de 35 A400M à terme semble conforme avec les besoins de projection et d’action interarmée tels qu’on peut les prévoir aujourd’hui. Le projet de LPM n’évoque pas le remplacement des CASA, au moins ceux de première génération … n’y-a-t-il pas un besoin ? Quant aux C-130H, le retrait de 4 avions n’impactera pas l’activité de la flotte, dans la mesure où la rénovation de 10 appareils apportera au contraire un souffle très attendu aux transporteurs du segment moyen, et aux forces spéciales.
La composante ‘hélicoptères moyens’ bénéficiera, elle, du retrait des Puma presque cinquantenaires, au profit d’un mix Caracal-H225M qui reste à préciser, tant dans sa composition que son agenda. Les hélicoptéristes de l’AAE volent en effet sur un appareil qu’ont connu leurs grands-parents, une autre preuve du savoir-faire français, car les H-34 américains eurent une carrière beaucoup plus courte.
De manière un peu surprenante, la composante Reaper de la 33ème escadre de Cognac ne va pas s’accroître : 4 systèmes sont-ils suffisants au vu du rétrécissement de l’activité ‘Afrique’ des armées françaises ? La diminution de l’ambition Vador interroge : est-ce que le système déçoit ? est-ce que le besoin s’est estompé ? est-ce que l’on mise tout sur une mise en service rapide de l’Archange, qui succèdera véritablement au Gabriel ?
Au total, les adeptes du ‘verre à moitié vide’ pourront sans doute se consoler, car une partie de l’augmentation des moyens de l’Armée de l’Air sera dévolue à l’amélioration des systèmes au sol, des moyens de communication et de maintenance, et à l’augmentation des stocks de munitions (sans évoquer les mesures d’amélioration de la qualité de vie des aviateurs). Ce qui se traduira par des standards d’entraînement opérationnel remis à niveau. A condition que la trajectoire soit suivie, bien sûr …
Alexandre et escadrilles.org