En ce début d’année 2025 il paraît opportun de se pencher sur l’Armée de l’Air et de l’Espace, et en premier lieu sur son parc d’aéronefs. Le livret ‘Les chiffres clés de la défense 2024‘, édité récemment nous en donne les moyens, par le fait qu’il prolonge une série commencée en 2011 (mais interrompue en 2022 et 2023). Une fois quelques coquilles corrigées, et après collecte des informations publiques disponibles, Escadrilles est en mesure de présenter une évolution de la ‘flotte’ de 2012 à 2024 …
L’image générale est celle d’un parc qui a décru en nombre d’aéronefs de 528 à la mi-2011 à 499 en 2024 (y compris les drones, mais à l’exclusion de la flotte de formation initiale, actuellement les Cirrus, et des équipes de présentation).
La flotte de soutien aux opérations (ravitailleurs, veille aérienne, renseignement électronique) s’est un peu accrue en nombre mais surtout en capacité, passant de 20 à 24 avions. Les 12 MRTT Phénix donnent en effet un potentiel inédit à l’AAE. A noter en plus que les drones passent de quatre unités en 2011 à 10 unités (Reaper) en 2024.
Egalement presque constante en nombre, mais également en composition, le flotte de liaison et d’opérations spéciales reste au niveau de 27 avions (Falcon, TBM700 et Twin-Otter). La flotte d’hélicoptères par contre subit l’impact de la déflation du parc Puma, des H225 étant en cours d’acquisition, le nombre d’hélicos passant de 84 en 2011 à 75 en 2024, le nombre de Fennec restant identique (40 appareils en 2024).
La flotte de formation aux spécialités s’est, elle, accrue en passant de 88 en 2011 à 99 en 2024 … l’arrivée des PC-21 (au nombre de 26 actuellement) ne s’est en effet pas traduite par une disparition des Alphajet : 51 restent inscrits au registre, même s’ils ne servent plus à la spécialisation ‘chasse’ de l’AAE.
La flotte de transport a vu une décroissance de son parc, de 82 en 2011 à 69 en 2024, mais les 39 Transall de 2011 ont été remplacés par 24 A400M (fin-2024), et quatre (K)C-130J ont été acquis … ce qui suggère que la capacité de transport logistique et tactique a en fait augmenté en tonnage, sans parler bien sûr de l’allonge et de la rapidité d’intervention.
Enfin, last but not least, la flotte de combat a sensiblement diminué en nombre, passant de 223 avions en 2011 à 195 en 2024. Cependant, le parc en 2011 comprenait encore 25 Mirage F-1 (de tous types) et 23 Mirage 2000N. Le fait marquant de ces dernières années fut la cession de 24 Rafale à la Grèce et à la Croatie, alors que le redémarrage des livraisons d’appareils neufs à l’AAE ne devenait effectif qu’à la fin de 2022. A noter, du côté positif de la balance, que la flotte de chasseurs tactiques 2000D reste stable en nombre (64 en 2024 si l’on en croit le fascicule précité), et que la rénovation à mi-vie (RMV) portera sur le nombre initialement envisagé de 55 avions.
Mais il y a toujours quelque chose sur le plateau négatif de la balance : cette fois ce sera la cession de 2000-5 à l’Ukraine, entraînant un retrait anticipé de cette flotte que certains prétendraient ‘usée’ … usés les 2000-5, mais visiblement pas pour tout le monde.
En résumé, si l’Armée de l’Air s’est renforcée dans certains domaines (transport, ravitaillement en vol), son fer de lance ‘chasse’ a subi l’impact de décisions politiques inattendues, tout en restant dans le haut du spectre européen. La flotte d’hélicoptères moyens demande une attention urgente, eu égard notamment aux interventions de plus en plus nombreuses ces dernières années.
Pour être complet, il faudrait avoir le panorama des disponibilités, lesquelles seraient ‘en amélioration’ … mais c’est une autre histoire. Depuis 2019, c’est un domaine ‘condidentiel’.
Alexandre et escadrilles.org