Le cursus de formation en vol des élèves pilotes de l’Armée de l’Air va à nouveau subir une évolution majeure : l’introduction d’un nouvel avion de type Pilatus PC-7 MkX, à turbopropulseur donc. La flotte actuelle de deux EIV (Cévennes et Comtat-Venaissin), des Cirrus SR-20 et 22, sera mise à la retraite.
Outre le changement de propulsion, donc, le principe de l’instruction en côte-à-côte sera abandonné, au profit d’une disposition en tandem. De plus, l’élève-pilote sera très tôt confronté au contrôle des ‘3 vertes’, puisque le PC-7 est à train rentrant. Le vieil adage « il y a deux sortes de pilotes, ceux qui se sont déjà posés sur le ventre, et … » n’est plus de mise.
Les passionnés d’aviation d’un âge mûr se rappelleront de la mise à la retraite anticipée des Embraer Tucano de Salon, en 2009, ‘turbo-prop’ qui avaient remplacé les légendaires Fouga de l’Ecole de l’Air, à partir de 1994. Ces avions performants et adaptés avaient été acquis, dit-on, pour favoriser l’exportation au Brésil des Mirage 2000 … on sait ce qu’il en advint. Quelle fut la raison du retrait rapide des Tucano : performance, coût de maintenance, nouvelle vision du cursus ?
Quant aux passionnés d’un âge avancé, ils ont connu l’époque où la formation ab initio à l’Ecole de l’Air se faisait sur Fouga Magister, après bien sûr l’indispensable cycle d’apprentissage en vol à voile (les stages de vol moteur hors cursus étaient cependant encouragés). Rappelons que la formation au CFAMI comprend toujours une phase initiale sur planeurs.
En 2009, le départ des Tucano laissa les EIV de Salon sans avion performant : les TB-10 (« il décolle parce que la Terre est ronde ») mis à disposition par la DGAC formèrent les nouvelles promotions d’élèves-pilotes, en conformité avec un nouveau cursus qui passait par l’obtention du brevet de pilote PPL et de la licence ATPL.
A partir de 2012, les deux unités d’instruction en vol furent équipées de Cirrus SR-20 et SR-22 : des avions à train fixe, pilotés en côte à côte. Le complément de formation dit ‘phase 2’ s’effectue à l’Ecole de Pilotage de Cognac, sur Grob 120, un avion à train rentrant autorisant la voltige. C’est toujours le cas maintenant … et c’est ce qui va changer : le futur élève-pilote passera du PC-7 à l’école de spécialisation, chasse, transport ou hélicoptère (et drone sans doute).
Moyennant un recours accentué au simulateur dès la phase 1 (les riverains toujours plus nombreux de la BE 701 ne s’en plaindront pas …), ce nouveau cursus de formation en vol devrait être raccourci (c’est un des objectifs), tout en permettant de conserver un haut niveau de compétences à l’issue de la formation à Salon. Moins de marches à monter, mais des marches plus hautes, en somme. Est-ce que l’apprentissage initial du vol moteur sur un avion basique, et économique, pourrait être un jour regrettée ?
Grands gagnants, la société Babcock France et la firme suisse Pilatus … Pour le coup, on peut affirmer que ce n’est pas la promesse d’exportation de Rafale qui aura influencé le choix de l’avion ! Le remplacement de la flotte de Xingu de la spécialisation transport se profilant à l’horizon, on suppose que ce n’est pas Pilatus qui fournira le successeur des Embraer 321, multi-moteurs.
Alexandre et escadrilles.org