La seconde campagne de tirs du 2/33 pour cette année 2013 est logiquement consacrée à l’air-sol. Logique pour un escadron de reconnaissance qui s’apparente davantage aux muds, le camouflage de ses avions en atteste, qu’au monde des chasseurs aux yeux bleus.
Pourtant, si l’activité de l’ER 2/33 est délocalisée à Cazaux pour ces deux semaines de novembre, il ne faut pas oublier que des pilotes et des mécaniciens séjournent en ce moment à Lorient pour assurer la permanence opérationnelle de la zone Ouest, avec deux F-1CR.
Le capitaine Sevestre nous indique que les 10 Mirage F-1 (8 CR, 2 B) qui embellissent le parking de la BA 120 en ce 22 novembre sont servis par un détachement de 77 mécaniciens, dont un renfort extérieur à l’ESTA 2E118 Chalosse, qualifiés sur F-1 mais affectés sur la BA 120 ou ailleurs.
Parmi ces spécialistes, on compte pas moins de 21 armuriers, ou pétafs, qui assurent la remise en oeuvre des F-1CR entre deux missions : le « turnaround » est de 1h30 pour un avion qui s’entraîne au tir de bombe Mk82, avec au chevet du Mirage 3 à 4 pétafs et 3-4 mécaniciens des autres spécialités.
Ce sont quatre semi-remorques de matériel qui ont été acheminés de Mont-de-Marsan pour permettre cette campagne de tir, non compris l’allocation en munitions (GBU, Mk 82) attribuée au Savoie pour maintenir la qualification opérationnelle de ses pilotes dans le domaine de l’air-sol : 15 bombes lisses de 250 kg, 10 bombes laser avec le kit de guidage Paveway 2 (GBU 12/16) et 4 laser avec le kit P3 (GBU 22). Sans compter les projectiles d’exercice de type F4 (les bombinettes bleues).
Comme toutes les campagnes de tir, celle-ci a pour fonction de qualifier les pilotes à l’emploi d’armes réelles, selon des procédures strictes et conformes aux besoins de sécurité et d’efficacité. Par rapport au tir de munitions d’exercice, la campagne permet à tout le personnel de s’habituer au travail sur des fortes charges explosives, en gérant le stress.
D’ailleurs à vrai dire, pour un peu on oublierait le pouvoir destructeur des engins qui sont manipulés par les pétafs, tant le manège des engins élévateurs autour des avions paraît fluide. Toutes les tâches se déroulent avec un sérieux teinté de bonne humeur, ce qui indique que le niveau d’entraînement des techniciens au sol est déjà à son plus haut.
En ce qui concerne les premiers concernés, les pilotes, le but est que tous parviennent au bon niveau opérationnel en fin de campagne. En effet, en début de session, les résultats ne sont pas forcément bons, surtout pour les jeunes pilotes qui n’ont jamais tiré de bombes « bonnes de guerre ». Ces derniers ont d’ailleurs une allocation de deux bombes par an pour progresser, tandis que les « vieux pilotes » n’ont droit, eux, qu’à une bombe tous les deux ans.
La technique de tir est semblable pour une bombe lisse ou une bombe guidée ; si le jeune pilote commence par une bombe lisse, c’est que la procédure de tir d’une GBU inclut le soldat à terre, en charge de l’illumination (le F-1CR ne peut pas être équipé de nacelle de désignation). Ce qui fait une procédure à trois personnes, avec l’officier de tir présent sur le champ de tir. A ce sujet, précisons que le 2/33 Savoie dispose chaque année de 20-25 munitions d’entrainement LGTR, qu’il peut tirer depuis Marsan (tout comme les F4).
L’évaluation des tirs se fait sur deux plans : d’abord le plan quantitatif, c’est la précision des tirs, un critère facile à employer. Ensuite le plan qualitatif, qui est le plus important : c’est le respect des consignes de tir données au briefing. Cet aspect concerne la sécurité en vol et au sol, lors du tir. Au final, une procédure très bien respectée garantit que le pilote accomplira sa mission avec une efficacité maximale, une fois en conditions réelles (de conflit), et sans risquer de provoquer des pertes colatérales. Au terme de la campagne de tir, comme pour une campagne air-air, la coupe « sharp shooter » sera décernée au meilleur pilote.
Le débriefing d’une mission air-sol se fait en trois étapes : d’abord au pied de l’avion, on compte le nombre de munitions tirées, et les incidents éventuels. Ensuite, lorsque la patrouille remplit le cahier de vols, elle est alors informée des résultats par l’officier de tir. Enfin, en salle de débriefing, le chef de patrouille exploite à fond la mission et va surtout chercher à expliquer pourquoi il y a eu des écarts entre les tirs prévus et les tirs réalisés.
Parmi les aléas classiques, il y a la bombe non explosée : les coordonnées précises d’impact du projectile sont alors précieusement conservées car la munition doit impérativement être neutralisée, comme à l’occasion d’un conflit ; la France a ratifié un accord international en ce sens. Si l’avion ne tire pas, les mécaniciens devront démonter les bombes après son retour au parking.
En cette fin 2013, à l’issue de sa campagne air-air du mois de mars et de cette campagne air-sol, le Savoie est 100% opérationnel, avec 17 Mirage F-1CR et 3 biplaces, et 23 pilotes. L’agenda 2014 est d’ores et déjà rempli, avec une participation Recce Meet et peut-être encore une mini campagne de tir à Cazaux. Mais l’ER 2/33 peut être déployé sur une mission extérieure à tout moment, sous la conduite de son commandant, le Lieutenant-Colonel Souberbielle.
Remerciements: Au 2/33 Savoie et à son commandant, le LCL Souberbielle; au SIRPA Air, qui nous a accompagnés; à la cellule Com’ de la base aérienne 120 et à celle de la BA 118.
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