Dans les années 50 la France était en retard sur la Grande Bretagne et les USA dans le domaine des réacteurs de forte poussée, mais Turboméca avait mis au point un excellent réacteur léger dans la gamme des 400/500 kgp, le Marboré. Cet avantage fut intelligemment utilisé pour développer ce qui devait devenir le premier jet d’entraînement biplace ab initio du monde. Des candidats en lice, deux appareils émergèrent rapidement : le Morane-Saulnier MS.755 Fleuret (premier vol MS.755 n°01 le 26 janvier 1953) et le Castel-Mauboussin (Fouga) CM.170 Magister (premier vol CM.170R n°001 le 23 juillet 1952). Ce dernier l’emporta grâce, notamment à sa configuration en tandem, imposée par l’état major de l’Armée de l’Air et connut une longue carrière qui nécessiterait un (ou plusieurs) articles spécifiques. Le candidat malheureux qui retenait la disposition « côte à côte » déboucha sur le quadriplace MS.760 Paris (29 juillet 1954, premier vol du MS.755 n°02 modifié en quadriplace MS.760 Fleuret II) ; l’appareil, rebaptisé Paris le 23 septembre 1954, sera considéré comme le précurseur des jets d’affaire.
Le Paris a surtout été utilisé pour les liaisons rapides par les civils et les militaires de plusieurs pays. Le Brésil et surtout l’Argentine l’employèrent également pour des missions d’entrainement, d’assaut et de photographie. En France, l’Armée de l’Air passa en juillet 1956 une commande pour 30 appareils qui sera complétée en 1969 par le rachat de 21 Paris de la Force Aérienne Brésilienne. Ces appareils seront principalement affectés au GAEL et dans les unités de liaison (ELA 55, EL 41, 43 et 44) mais nous allons ici nous intéresser plus particulièrement à l’histoire mal connue des Paris dans les SLVSV (sections de liaison et de vol sans visibilité) des unités de combat.
Curieusement les deux frères ennemis ont eu dans ce domaine un rôle complémentaire, le Morane inaugurant dans la plupart des escadres de chasse la fonction de jet de liaison en plus du rôle d’entrainement au PSV puis, lorsque le Fouga sera disponible en nombre suffisant – à partir de 1965 (après avoir complété la dotation des écoles de pilotage), ce dernier prendra durablement la succession et cela jusqu’à son retrait. Les vieux Paris des unités de liaison, cédant la place à des appareils moins gourmands en kérosène, reviendront alors dans les unités de combat jusqu’à leur extinction, en 2001; pour des raisons d’économie ils ne seront pas remplacés.
Cette première période d’utilisation du Paris (exclusivement des MS.760A Paris I) dans les SLVSV des Escadres de Chasse et de Reconnaissance correspond au désengagement de la France de l’organisation intégrée de l’OTAN et au retour de RFA de plusieurs unités navigantes en métropole, mais elle coïncide aussi avec le retrait des forces stationnées en Algérie et une importante réorganisation de l’Armée de l’Air qui s’appuie sur les Escadres.
Au début, les MS.760 des escadres conservaient la décoration du type GAEL, d’où provenaient souvent les appareils (grande lettre correspondant à la fin de l’immatriculation de l’avion et n° de série) ce qui ne facilite pas l’identification de l’unité utilisatrice. Les insignes des futures SALE n’étant pas encore créés, les utilisateurs préféraient souvent l’insigne composite d’un des escadrons (voir : 1ème EC, 4ème EC et 33ème ER) à l’insigne officiel d’escadre (écussons – voir 2ème EC), et souvent ils ne porteront pas d’insigne du tout.
Deux Paris sont reçus en octobre 1959 (n°35 et 38) pour être rendus en 1960/62. L’unité sera dissoute le 28 février 1966. Le N°38 « 1-DD » de cette unité à probablement reçu la décoration la plus réussie des « Paris » en escadre.
Le n° 35 est affecté d’août 1960 à juillet 1962 ; c’est la période de la transition de l’escadre du Mystère IVA au Mirage IIIC.
Il n’y a pas de code spécifique pour la SLVSV et ceux des escadrons sont utilisés : F-UGIA à Z pour le Champagne et F-UGJA à Z pour le Navarre. Elle utilise deux Paris (n° 73 et 93) de juillet 1961 à août 1962. Les immatriculations étaient F-UGIU pour le n°73 et F-UGJU pour le n°93.
Un Paris, le n° 30, a été affecté de mai 1960 à août 1962.
Elle fut avec la 10ème EC le plus gros utilisateur du Paris ; en effet les autres EC avaient toutes rendu leurs Paris en 1962, alors que ces deux unités du CAFDA les ont conservés jusqu’en 1966/67. Quatre Paris ont été utilisés de mai 1960 à janvier 1967 (n0 24, 34, 35, 94).
Le MS-760 n° 91 est utilisé de juillet 1961 à juillet 1962. Il a d’abord été basé à Metz puis à Nancy-Ochey (novembre1961).
La « 9 » est installée à Metz en 1956 puis dissoute le 30 juin 1965. Un seul Paris a été utilisé, le n° 44 de mars 1960 à juillet 1962. La seule photo connue est du SHAA : l’appareil (N°44 – FUHDB) ne porte que l’immatriculation « 9-DB » à l’avant du nez (même type de marquage que sur les T-33 de l’unité).
Six MS-760 sont affectés d’août 1959 à juillet 1966 (n° 23, 24, 27, 29, 36 et 92).
L’escadre est formée à Reims le 1er août 1952, elle est transférée à Bremgarten (RFA) en juin 1961, puis à Toul en 1966. Le Paris n° 92 lui est affecté d’août 1961 à août 1962.
Les Paris n° 34 et 45 sont utilisés de décembre 1959 à août 1962.
Deux MS.760 (n° 26, 29) pris en compte en septembre 1959 puis un 3ème en mars 1961 (n°73). Un accident mineur est enregistré avec le n° 29 le 24 mai 1960. Le dernier Paris s’en va en août 1962.
n° | arrivée | unité | immat. | départ | remarques |
---|---|---|---|---|---|
23 | 15.05.64 | 10è EC | F.UIKY | 22.07.66 | livré ELA 43 (F.SCBA) |
24 | 01.08.59 01.07.64 jj.05.66 | EC1/10 5è EC 5è EC | ? F.SDGJ F.UGMH | 30.09.59 jj.12.65 10.01.67 | livré GTLA2/60 (F.RABS) |
26 | 01.08.59 | ER2/33 | F.UIXA | 31.07.62 | livré ELA 55 (F.UGTB) |
27 | 11.08.59 29.11.63 | EC1/10 EC1/10 | F.UIKD F.UIKD | 16.10.63 06.10.64 | livré GTLA2/60 livré SEEMS (révision) |
29 | 08.08.59 16.02.66 | ER2/33 10è EC | F.UIXB ? | 29.10.60 21.07.66 | livré GTLA2/60 (F.RABU) |
30 | 27.05.60 | 4è EC | F.UGWB | 29.08.62 | livré GTLA2/60 (F.RABL) |
34 | 29.01.60 24.05.60 | 12è EC 5è EC | F.UHXC F.SDGB | 24.05.60 10.11.64 | livré GTLA2/60 (F.RBLS) |
35 | 06.10.59 11.08.60 20.07.62 | ? EC1/2 5è EC | F.UGDD F.UGHC F.SGDH | 11.08.60 20.07.62 25.03.64 | – – livré SEEMS (révision) |
36 | 05.10.59 | 10è EC | F.UHKY | 25.03.64 | livré EAA 601 |
38 | 06.10.60 dd.08.60 | 1è EC 1è EC | ? F.UGDD | jj.08.60 17.07.62 | GTLA2/60 (F.RBLS) GTLA2/60 (F.RABN) |
44 | 04.03.60 | 9è EC | F.UHDB | 16.07.62 | livré GTLA2/60 (F.RABX) |
45 | 07.12.59 | 12è EC | F.UHXD | 31.08.62 | livré GTLA2/60 (F.RABK) |
73 | 14.03.61 11.07.61 | ER2/33 3è EC | ? F.UGIU | 11.07.61 03.08.62 | livré 3è E C livré ELA 55 (F.UGTA) |
91 | 21.07.61 | 8è EC | ? | 18.07.62 | livré GTLA2/60 (F.RABM) |
92 | 07.08.61 | 11è EC | F.UHOG | 03.08.62 | livré ELA 55 (F.UGTC) |
93 | 28.07.61 | 3è EC | F.UGJU | 01.08.62 | livré ELA 55 (F.UGTD) |
94 | 23.08.61 | 5è EC | ? | 21.12.61 | livré GTLA2/60 (F.RABV) |
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Remerciements :
Cet article reprend certaines informations du Trait d’Union spécial « Morane Saulnier Paris MS.760 » par P. Parvaud et P. Gaillard.
La liste de production est de Bernard Chenel.
Un grand merci à Bernard Chenel et Christian Boisselon pour leurs archives photographiques.
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