A Lann-Bihoué, les flottilles de patrouille maritime 21F et 23F sont voisines : elles sont localisées dans les deux moitiés d’un même bâtiment. Chacune d’entre elles est forte d’environ 240 personnes, parmi lesquelles on trouve 50% de navigants et 50% de techniciens et de personnel de soutien. Chaque flottille conserve donc son service propre technique, seuls quelques aspects de maintenance sont mutualisés.
La flottille 21F, comme sa soeur, possède sept équipages opérationnels pour accomplir ses missions. De plus, en permanence, il y quatre équipages en formation ab-initio. Les équipages sont en effet formés et conservés pour la durée d’un cycle opérationnel.
La flottille pris très vite la succession de la 11F créée en juillet 1952 à Oran (BAN de Lartigue): elle repris le flambeau de l’escadrille 2B et de la flottille 3F, avec des Lancaster transformés en avions de lutte anti-sous-marine. En juillet 1953, la flottille devint 21F et fut transformée sur son premier véritable avion ASM: le P2V6 Neptune.
En novembre 1963, la 21F quitta l’Algérie et s’installa à Nîmes-Garons où elle remplaça progressivement ses Neptune par des Atlantic entre 1965 et 1966. C’est entre 1993 et 1994 que les nouveaux Atlantique (ou ATL2) arrivèrent à la 21F. Au cours de l’année 2011, la flottille 21F rejoint la base de Lann-Bihoué, la plate-forme de Nîmes-Garons fermant suite à des restrictions budgétaires.
La dotation de la flottille 21F est de sept Breguet Atlantique (idem pour la 23F), sachant qu’actuellement on rencontre à Lann-Bihoué deux standards ATL2 : le standard 4 et le standard 5.
Ce dernier comporte des instruments de navigation aux normes OACI, avec notamment deux écrans EFIS par poste. Les avions au standard 5 ont été affectés d’abord à la 21F, mais la 23F commence à en avoir également.
L’Atlantique est avant tout un avion de lutte anti-sous-marine: son système d’armes et ses capteurs sont orientés vers cette mission. Les capteurs de recherche sont d’abord l’oeil humain (son efficacité dépend de l’état de la mer, il n’est utilisable que de jour), ensuite le radar (dont l’efficacité est également dépendante de l’état de la mer, mais qui fonctionne bien jusqu’à un état de la mer 4) et le FLIR, Forward Looking Infra-Red, dont l’efficacité dépend des conditions hygrométrique du jour, très variables, et qui peut voir de nuit.
Le capteur MAD, Magnetic Anomaly Detector, est un système secondaire, en ce sens qu’il est utilisable pour pister un sous-marin après qu’il ait été détecté et localisé une première fois (le MAD a en effet une faible portée). Ensuite, il y les capteurs ESM qui détectent les émissions électromagnétiques diverses, les classifient, les localisent.
Et puis, il y a tout le système acoustique basé sur des bouées largables: les bouées passives LOFAR ou DIFAR (directionnelle), ou les bouées actives DICASS (qui émettent des pings de sonar). Ces bouées sont configurées différemment, avant le vol pour la plupart, pour les petits ou les grands fonds, etc .., et sont larguées par des lance-bouées (3 x 18 bouées). L’Atlantique recèle aussi un lance-bouées auxiliaire, qui est chargé en vol selon les nécessités, un magasin permettant l’emport de nombreuses bouées supplémentaires.
Pour marquer des objectifs ou ne pas perdre de vue les naufragés, le Breguet est aussi équipé d’un lance-marqueurs: ces marqueurs peuvent être à base de fluoresceïne (colorant), ou bien fumigènes (de durée variable de 5 à 100 minutes). Il est évident que tout ces systèmes sont servis par un équipage nombreux et spécialement entraîné. Les équipages comptent au minimum 13 personnes , mais en principe plutôt 14 personnes ou plus: un pilote, un chef de bord (assis en place droite, il supervise la situation tactique et la trajectoire de l’avion), un pilote en place gauche, un mécanicien de bord (le mecbo participe à la conduite de l’aéronef en basse altitude), un coordinateur tactique (le tacco), trois opérateurs acousticiens, trois radaristes navigateurs (les denaes), trois opérateurs de guerre électronique et de transmission (les gedbos), un deuxième mecbo arme un poste de veille, il est chargé du largage d’artifices depuis l’arrière de l’avion. En permanence, trois postes de veille sont armés par des membres de l’équipage: les deux sabords et le nez vitré.
Par comparaison avec cette suite impressionnant de capteurs, l’armement de l’ATL2 peut apparaître réduit: il comporte les torpilles MU-90 (jusqu’à 6), les missiles Exocet AM-39 (2 au maximum), ou les bombes GBU-12; les grenades sous-marines ne sont plus utilisées. En configuration « multi-lutte » , l’Atlantique emporte un AM39 et deux MU90.
Le PC aérien
A la 21F, comme à la 23, les missions de PC aérien et de plate-forme de renseignement occupent une forte proportion du temps opérationnel. La nature des capteurs emportés par l’Atlantique ainsi que son endurance en mission en font en effet un vecteur approprié à ces missions « terrestres », comme nous le verrons bientôt …
Le SAR
Et puis, il y a la mission SAR, si importante pour la flottille, et également très dimensionnante : pour assurer la recherche et le secours en mer, la flottille d’alerte (soit la 21 soit la 23) maintient un avion disponible à 4 heures et un avion à 8 heures.
Bien entendu, ces missions SAR sont assurées en priorité par les hélicoptères Caïman et Dauphin SP de la Marine (ainsi que certains escadrons de l’Armée de l’Air), et par les Falcon de la 24F voisine. Mais l’Atlantique est le seul à pouvoir emporter six chaines SAR, soit de quoi secourir 240 naufragés. De plus, tous les Atlantique en mission ont à bord une chaîne SAR, au cas où.
C’est souvent lors d’un sauvetage difficile que le grand public entend parler des Breguet Atlantique de Lann-Bihoué …
Remerciements : au commandant de la 21F, ainsi qu’à l’OCC base, Véronique Zopfmann, et au commandant de la BAN de Lann-Bihoué, le CV Christophe Lucas.
Copyright: Alexandre et escadrilles.org