Avant le premier vol de l’hydravion d’Henri Fabre le 28 mars 1910, la Marine Nationale est l’une des premières à envisager l’emploi des avions au-dessus de la mer. Elle envoie dès janvier 1910 un groupe d’officiers dans les écoles de pilotage civiles. Les premiers marins sont brevetés pilotes durant cette même année. Un siècle plus tard, malgré la sévère cure d’amaigrissement subie depuis une vingtaine d’années, l’Aéronautique Navale reste, aux côtés de l’Armée de l’Air, une force aérienne dotée d’une capacité impressionnante: hélicoptères de patrouille ou de sauvetage, avions de patrouille maritime lointaine, avions de chasse et de veille embarquée, tous ces moyens animés par des techniciens et des équipages bien entraînés donnent à la France les moyens d’assumer sa politique dans toutes les mers du globe.
Un panel exceptionnel d’aéronefs de tous types et de nombreuses nationalités venaient honorer le centenaire de l’aéronautique navale française, à Hyères les 12 et 13 juin 2010. Les organisateurs avaient prévu des facilités pour les nombreux reporters présents.
Pour de nombreux passionnés, le samedi 12 juin était l’occasion de voir des arrivées nombreuses, et des entraînements. Parmi les avions militaires les plus attendus, il y avait les 2 Harrier de l’Armada espagnole. L’esthétique du Harrier s’est améliorée depuis les premiers avions de la RAF. Et les évolutions de cet avion ne laissent jamais indifférent.
Un des spectacles les plus originaux du show étaient un simulacre de combat aérien entre une réplique fidèle de Focke Wulf 190 et un Spitfire.
De manière inattendue, le réalisme du dog fight fut même excessif, puisque le FW-190 termina son vol dans la mer (je me permets ce trait d’humour, car le pilote fut indemne et l’avion récupérable malgré son séjour dans l’eau, non loin du rivage).
L’arrivée d’un détachement du Groupe Aérien Embarqué était bien sûr attendue, même si certains habitués faisaient mine d’être blasés.
La précision du toucher des roues des chasseurs embarqués est souvent remarquable. L’absence d’arrondi y est pour quelque chose. Le SEM 23 était annoncé comme une des vedettes de la fête. On ne fut pas déçu.
Parmi les « reliques » présentées au meeting, le gros TBM Avenger, il appartient à un collectionneur suisse. Aux couleurs de la 4F, le TBM nous a impressionnés, presque autant que le Corsair présenté pour la dernière fois par Ramon Josa.
Hasard, le TBM était suivi de peu par son successeur à la 4F, le E-2F « Hawkeye ». Cela ne doit pas être facile d’apponter ce monstre sur un porte-avions.
Il est évident que l’US Navy a toujours de chauds partisans sur la côte méditerranéenne, aussi la vue du C-2 « Greyhound », précurseur du détachement US, suscita un peu d’impatience.
On fut bientôt récompensé par l’arrivée d’un F-18F et d’un E-2C, tous deux débarquant de l’USS Truman, convié à la fête, en rade d’Hyères, aux côtés de notre Charles-de Gaulle national, et de deux autres porte-aéronefs (Espagne et Italie).
Enfin, la patrouille de 4 F-18 se profila à l’horizon et effectua son entraînement, avant de se poser. Rien que du très classique, mais exécuté de façon impeccable: patrouille serrée, mais pas de voltige (on a affaire à des pilotes opérationnels). Un des F-18E avait sa décoration flamboyante de « chef » du squadron VFA-105.
Le F-18E, bien que moderne, reste un avion agréable à regarder, son esthétique trahit peut-être l’époque de sa conception, dans les années 70 (pour le démonstrateur Northrop YF-17). Certains marins informés prétendent que les gros Super Hornet sont plus faciles à mettre dans le collimateur que leurs aînés les Charlie, car ce sont des striker.
Un Falcon 10 Mer de la 57S montrait lui aussi ses lignes pures, remontant en fait aux années soixante (pour son ancêtre le Mystère 20).
Restant dans les classiques de l’aéronautique française, un Mudry CAP 10B était le suivant en finale, très belle déco pour cet oiseau léger.
Le Dassault 312 venait nous rappeler la fameuse décennie cinquante, au cours de laquelle plusieurs prototypes sortaient chaque année des ateliers français, dont beaucoup donnèrent suite à des avions de série reconnus pour leurs qualités.
Un CAP 10 de la 50S, visiblement bichonné par la technique à Lanvéoc Poulmic, se posa ensuite sur le terrain d’Hyères.
Vers 17h00, le Matador espagnol répéta son show du lendemain, un régal aussi pour les oreilles. Il paraît que le F-35B sera beaucoup plus bruyant.
Enfin, l’Atlantique n°13 décolla pour une mission de patrouille, mettant un terme à cet après-midi de « préparation » à un meeting qui s’annonçait décidément fameux.
Le dimanche 13, la matinée avec une météo couverte nous laissa le temps de visiter les stands et de constater que nous étions effectivement sur un très gros événement en terme d’organisation et de portée. Après quelques péripéties ordinaires, nous parvinmes à accéder au « spot » des photographes patentés, zone superbement placée pour les prises vues au roulage. J’en profitai pour exécuter quelques rouleaux de diapo, laissant à Adrien le soin de faire marcher la technologie numérique en trouvant les angles qui vont bien. Son reportage est exposé dans la galerie ci-dessous.
Il y eut des tas de beaux vols à admirer, une mention spéciale pour la patrouille d’Alouette III, et pour la présentation de voltige du MS 760 et du Fouga Magister, parfaitement aupoint et vraiment très belle.
Les habitués des meetings aériens savent bien que dans la dernière demi-heure, à la fermeture, il se passe toujours des choses intéressantes, pour peu que les commandos n’exécutent pas les ordres de manière trop zélée, et que les photographes ne soient pas trop lourdingues. Ce meeting d’Hyères ne fit pas exception, d’où quelques jolies vues avec une belle et douce lumière.
Le décollage des avions du GAE fut de toute beauté. Tout à l’air si facile quand on a les deux pieds sur le plancher des vaches.
Enfin, parce que la journée avait été très belle, on décida de courir un peu le bout de piste, laissant à d’autres les plaisirs du grand embouteillage. Nous étions quatre (dont 2 deux Anglais), et la technologie du numérique accomplit alors ses miracles, permettant des prises de vues potables entre chien et loup.
Le meeting du centenaire avait vécu, laissant les péripéties ordinaires et moins ordinaires reprendre leur cours.
Photoscope: Avions en approche le 12 juin et au roulage le 13 juin 2010 après-midi.
Remerciements: Un grand merci au CecMed Communication, au SIRPA Mer et à l’équipe des « Marins du Ciel » qui ont réussi à bâtir cet événement de grande portée que fut le Meeting du Centenaire d’Hyères. Merci aussi aux centaines de personnes de la BAN qui se sont dévouées pour que ce meeting aérien soit une telle réussite.
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