La mission Arromanches 2 a vu le dernier embarquement opérationnel des Super Etendard modernisés de la flottille 17F. Sous l’égide de la TF 473 commandée par le Contre-Amiral Crignola , un groupe aéronaval comprenant, outre le Charles-de-Gaulle, plusieurs navires de surface et un SNA a appareillé le 18 novembre pour être de retour à Toulon le 16 mars.
Si le passionné d’aviation retiendra qu’Arromanches 2 fut le chant du cygne des SEM en tant que chasseur-bombardier en opérations, cette mission comporta aussi d’autres ‘premières’, comme par exemple la participation de frégates allemande et belge au groupe aéronaval. La mission Arromanches 1 avait déjà vu l’intégration d’une frégate de la Royal Navy.
Egalement pour la première fois, la Task Force 50 américaine positionnée dans le Golge Arabo-Persique (GAP) passa sous commandement français, avec au centre du dispositif, le porte-avions français et son groupe aérien embarqué.
Le Charles-de-Gaulle, commandé par le capitaine de vaisseau Malbrunot, abritait un équipage de plus de 2000 personnes, dont 500 œuvraient au soutien technique aéronautique. Au cours de presque quatre mois de mission, l’équipage a vécu seulement trois véritables escales (à Bahrein et Abu Dhabi).
Le groupe aérien embarqué était issu de cinq flottilles, trois flottilles de chasse, une flottille de guet aérien, une flottille d’hélicoptères, parmi lesquelles on trouvait la 17F et ses huit derniers SEM, animés par 10 pilotes et environ 100 techniciens de la flottille.
Pour mémoire les avions prenant part à cette ultime croisière étaient les suivants: 1 – 19 – 31 – 41 – 43 – 44 – 46 – 51. L’ensemble des missions de guerre a été réalisé contre les positions des groupes terroristes de Daech en Irak et en Syrie.
Les missions de la 17F ont eu lieu en grande majorité de jour, les pilotes utilisant le pod Atlis et la tablette Fighttacs.
Les frappes avaient toujours lieu en liaison avec les JTAC et le CAOC, pour confirmation en temps réel de la nature des objectifs et obtention d’une autorisation de tir au coup par coup.
Pour les pilotes de SEM, les missions demandaient une grande endurance, puisqu’elles étaient d’une durée de 6 heures en général (limite imposée par la consommation d’huile du réacteur Atar).
Ces missions comportaient en général pas moins de … quatre ravitaillements en vol. Les plots de ‘close air support’ imposaient une présence de 3 heures en zone de combat.
Une patrouille typique de SEM était composée de deux avions avec des configurations complémentaires: un avion avec deux GBU 58 (125 kg à guidage laser), le pod ATLIS et un lance-leurres, et un avion avec une GBU 49 (250 kg avec guidage GPS + laser), et le lance-leurres. Chaque avion emporte des réservoirs supplémentaires.
Pendant Arromanches 2, le rythme opérationnel fut véritablement très soutenu: chaque pilote accomplissait une mission opérationnelle tous les 3 jours, avec en complément un vol ‘organique’ (entraînement), et un vol de nuit (pour garder sa qualification ‘hibou’).
Heureusement que la tradition du GAé de réserver un ‘no fly day’ par période de 7 jours a été respectée.
Le groupe aérien embarqué a ainsi effectué plus de 100 frappes, dont 22 en zone MEDOR, au cours de plus de 500 sorties opérationnelles (jusqu’à 18 par jour), dont 120 en MEDOR et 400 en GAP. Les avions du Charles-de-Gaulle ont aussi documenté environ 1000 dossiers de renseignement.
Maintenant que la 17F a fourni ce très bel effort opérationnel au service de la nation, la flottille peut se consacrer aux missions d’entraînement sur SEM, en sachant que seuls cinq avions ont effectué le vol retour sur Landi, et qu’une cérémonie officielle marquera officiellement le retrait officiel des Super Etendard modernisés, le 12 juillet.
D’ici là, les pilotes opérationnels poursuivent leur cursus de qualification sur SEM avant d’être transformés sur Rafale M, tandis que rejoindront directement l’ETR à St-Dizier.
La flottille pourra mettre à profit l’arrêt technique majeur du CDG pour sa transformation sur Rafale, d’un point de vue opérationnel et technique, sans oublier la mise à niveau des infrastructures.
De cette manière, la ‘Glorieuse’ peut envisager d’être opérationnelle sur Rafale dès 2017. Pour le porte-avions, la fin d’Arromanches 2 permet d’effectuer une régénération technique à Toulon; celle-ci durera plusieurs semaines. Des installations spécifiques au SEM seront démontées, des modernisations pourront être effectuées.
Le groupe aéronaval sera ensuite disponible pour des qualifications et des opérations jusqu’à la fin de l’année.
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Remerciements : au SIRPA Marine, au LV Alexandre Busch, OCF Alavia, et au CF Bizien, notre accompagnateur durant ce voyage de presse. Au personnel du Charles-de-Gaulle pour son accueil. Merci au SIRPA Marine pour la mise à disposition de beaux clichés opérationnels.