La 31ème Escadre Aérienne de Ravitaillement et de Transport Stratégiques (EARTS) a été créée le 27 août 2014, avec le GRV 2/91 Bretagne comme unité volante et l’escadron de soutien technique spécialisé ESTS 15/93. Fait remarquable, il s’est agi de la première recréation d’escadre survenant après la dissolution de ces structures au cours des années 90.
Autre élément particulier, la 31e EARTS est créée l’année du cinquantenaire de la première prise d’alerte opérationnelle par les Forces Aérienne Stratégiques. Grand témoin de cette époque, le Boeing C-135F devenu FR est à ce jour encore la pièce maîtresse de la 31e EARTS. En effet, onze des 12 Boeing originaux volent à l’heure actuelle, complémentés par trois KC-135R, plus jeunes en heures de vol mais avec moins de capacité (ils ne peuvent emporter les nacelles de ravitaillement sous voilure).
Le GRV 2/91 Bretagne conserva son ‘numéro’, le 93 (!), et ses quatre escadrilles de tradition à la date de la création de la 31 : les BR 108 (Pégase doré), VB 25 (Etoile américaine), BR 129 (Lapin trimardeur) et SAL 22 (Louve romaine).
Toutefois, à partir de 2016, on vit apparaître une immatriculation en ’31’ sur la carlingue des Boeing ornés des armoiries du Bretagne. L’arrivée du premier Phénix, le MSN041 F-UICG (27 septembre 2018, premier posé à Istres), et sa mise en service opérationnelle vont amener un changement de structure à la 31e EARTS.
En effet, le 4 octobre 2019 le Bretagne est officiellement désigné escadron de Ravitaillement en vol et de Transport Stratégiques 01.031, ERVTS 1/31 Bretagne. En même temps, il regroupe les moyens aériens ‘Phénix’de la 31e EARTS, tandis que les Boeing sont affectés à un nouvel escadron, l’ERV 4/31 Sologne. Pas de TS, transport stratégique, pour le Sologne, signifiant ainsi que les C-135FR et KC-135R se concentrent sur le ravitaillement en vol, laissant le transport aux modernes A330MRTT et A400M.
Le 4/31 hérite pour l’occasion de deux escadrilles de tradition: les LET 465 alias BR 465 (Chauve-Souris) et SPA Bi 54 (Fer à cheval). Notons que la LET 465 provient en droite ligne du 4/94 puis 2/93 Sologne (basé à Avord, il fut dissous le 1e août 1993).
Quant à la SPA Bi 54, son histoire est complexe mais stratégique, puisqu’elle fut attribuée au 4/91 Landes le 1e janvier 1964, lequel fut 3/93 du 1e juillet 1976 au 1e août 1993. La SPA Bi 54 fut ensuite adoptée par l’ERV Bretagne, avant que le GRV 2/91 ne la délaisse le 29 juin 2012. Les détails complets des pérégrinations de l’escadrille figurent sur le site traditions-air.
La 31e EARTS compte un autre escadron nouveau à la date du 4 octobre 2019, puisque l’entretien des Phénix est centralisé au sein d’un nouvelle structure, l’ESTA 15/31 Camargue (traditions ?), laquelle est distincte de l’ESTS en charge des Boeing.
La numérologie de la 31 laisse deux emplacements vacants, le 2/31 et le 3/31, lesquels devraient revenir aux futurs escadrons qui seront créés avec l’arrivée des Phénix (15 prévus au total, 12 commandés sur la LPM 20-25). Un de ces escadrons prendra le nom d’Estérel, le 3/60 étant destiné à délaisser ses Airbus actuels pour l’A330MRTT. L’autre escadron sera le Landes, il devrait être recréé à l’automne 2020 et en charge de la formation des équipages de Phénix.
Au rythme de deux par an jusqu’en 2024, les Phénix vont progressivement supplanter les Boeing, lesquels sont promis à une retraite bien méritée à compter de 2021. Les premiers à partir seront les C-135FR les plus anciens, les KC-135R ex de l’USAF devant voler jusqu’en 2025-2026.
A cette date, la 31e Escadre aura achevé sa mue complète, comptant cinq escadrons (dont quatre volants) et équipée uniquement d’A330MRTT, au nombre de 15 si tout va bien, car les derniers Phénix seront programmés sur la prochaine LPM.
Notons que dans les FAS et le ravitaillement en vol, même si les traditions ne meurent jamais, les escadrons ne reviendront pas tout à fait à la place qui était la leur au début de l’Histoire : parmi les trois ERV initiaux, le 4/91 Landes, le 4/93 Aunis et le 4/94 Sologne, le second s’est fait chiper sa place par le Bretagne. le désormais 1/93 Aunis étant depuis 2015 un escadron de formation en vol basé à Salon-de-Provence, tout comme le 2/93 Cévennes.
Au terme de cette belle manoeuvre, tous les escadrons de ravitaillement en vol resteront-ils basés à Istres ? Bonne question, l’évolution géostratégique globale dans la décennie en cours donnera peut-être un nouveau contexte … qui orientera la réponse future.
Alexandre et escadrilles.org