Le GC I/8 fut créé le 1er janvier 1936, au sein de la 8ème Escadre de chasse basée à Marignane, réunissant les escadrilles 3C2 et 4C1 de l’aéronavale et volant sur Nieuport-Delage. La première vie du GC I/8 se déroula sur fond de drôle de guerre, sur Dewoitine 510, de campagne de France (le I/8 est crédité de 44 victoires sur Bloch 152), puis d’armée de l’air d’armistice. Le GC I/8 fut dissous le 12 novembre 1942 à Montpellier.
La seconde vie du Saintonge le vit se reformer le 1er décembre 1944, à partir du Groupe Doret basé à Toulouse, lui-même succédant au 1er groupe de chasse FFI formé le 01/05/44, sur D.520. A partir du 04/06/45, ce GC II/18 Saintonge s’illustra sur Spitfire dans les combats acharnés pour libérer les ‘poches’ de l’Atlantique, avant d’être intégré à la 2ème Escadre à compter du 1er juillet pour rejoindre l’Allemagne le 1er novembre, puis d’y être dissous le 1er mars 1946. Il volait alors sur Spitfire 9 et 11.
La renaissance du Saintonge eut lieu le 16 janvier 1951 en Indochine, cette fois sous la dénomination de groupe de marche 1/8. Il était basé à Bach Mai en septembre 1951, d’où il effectua d’innombrables missions d’appui. Le groupe devint GC 1/22 Saintonge le 08/03/53, quittant Bach Maï le 01/09/54 pour Cat Bi, puis Bien Hoa, puis Cap St-Jacques où on le trouve le 15/10/55, avant qu’il y soit dissous le 31 janvier 1956.
Lors de sa campagne indochinoise, le Saintonge utilisa les Grumman F-8F Bearcat de septembre 51 à février 1956. Le GC I/8 puis GC 1/22 fut le groupe qui paya le plus lourd tribut lors du conflit d’Indochine, perdant 14 pilotes. En plus des 20 F-8F initiaux hérités du Corse, le Saintonge reçut 68 appareils pour remplacer ceux qui furent perdus, dont 32 réformés à la suite d’accident ou de perte au combat. Rien que pendant le siège de Dien Bien Phu (jusqu’en mai 1954), le Saintonge accomplit 15 208 heures de vol de guerre en 14 679 sorties, déplorant 19 pilotes perdus et 84 avions touchés par DCA ennemie (source documentaire sur traditions-air). Le groupe reçut les plus hautes distinctions en reconnaissance de son activité en Indochine.
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Le Saintonge, avec ses escadrilles, revit le jour à Rabat-Salé le 9 septembre 1960, en tant qu’escadron de chasse 1/8, reprenant les Mistral et les personnels du 1/8 Maghreb dissous. A cette époque, il appartenait à la 8ème Escadre, aux côtés du 2/8 Languedoc. Quittant l’Afrique, l’escadre fit mouvement vers Metz Frescaty puis Nancy Ochey en 1961, où la 8 fut dissoute le 1er décembre. Le Saintonge connut une existence éphémère au sein de la 7ème Escadre, puisqu’il fut EC 1/7 Saintonge du 01/12/61 au 01/03/62, date à laquelle où le 1/7 Provence prit sa place dans l’organigramme de la Sept.
Cette quatrième éclipse ne dura que deux ans et demi, puisque l’EC 1/8 Saintonge fut recréé à Cazaux le 1er décembre 1964 en même temps que la 8e Escadre de chasse ; il conservait bien sûr ses escadrilles 3C2 et 4C1, le Trident ailé et le Lion bondissant. A ses côtés, cette fois, l’escadron de chasse 2/8 Nice, fraîchement arrivé, en tant que 2/7, de Metz-Frescaty.
La mission de la 8ème Escadre fut, et demeura, le mûrissement des pilotes de chasse arrivant macaronnés de Tours. Durant les 56 dernières années, le Saintonge changea plusieurs fois de dénomination: il devint ETO (escadron de transition opérationnelle) n°1 le 31/07/93, à la ‘fin’ des escadres, puis ETO 1/8 Saintonge le 01/09/09, avant la renaissance officielle de la 8ème Escadre, le 25 août 2015.
Du 1er décembre 1964 au 26 août 2020, le Saintonge ne connut que deux avions : le Mystère IVA de 1964 à 1982, et l’Alphajet, de 1982 à sa mise en sommeil, la semaine passée.
Gageons que cette cinquième éclipse sera de courte durée, puisque le Saintonge est intrinsèquement prédestiné à revoir le jour sur la base charentaise de Cognac, d’ici peu, du moins on l’espère.
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