(*) mud : c’est parfois ainsi que l’on désigne les chasseurs-bombardiers pour les distinguer des chasseurs de défense aérienne (mud signifie boue en anglais).
Le 2000D prend la suite du 2000N/K2 et des Mirage IIIE dans les escadrons de la 3ème Escadre de Chasse de la BA-133 de Ochey. Voué à la pénétration tous-temps à basse altitude, ce nouveau 2000 est dédié prioritairement aux missions avec armement conventionnel.
Le 2000D bénéficie naturellement des avantages de la cellule du chasseur delta au niveau de la manœuvrabilité, mais il est limité en vitesse (à Mach 1,5) en raison des souris d’entrée d’air à géométrie fixe. Le cœur du système offensif du 2000D est articulé autour du radar de suivi de terrain « Antilope 5 », de deux centrales inertielles et d’un GPS, ainsi que du système de cartographie Icare.
Pour la mise en œuvre de la mission, le pilote dispose d’un collimateur tête haute avec les informations utiles au pilotage, d’une visualisation tête basse couleur présentant l’image tactique (info radar, carte numérique avec résultats de la préparation de mission), et d’un écran LCD couleurs présentant l’état de l’avion, des infos sur la navigation et des données des capteurs.
Le navigateur officier du système d’armes conduit ses activités à l’aide d’une visualisation tête basse, et de deux écrans LCD couleurs. Il commande le radar et les pods de désignation, et dispose de commandes de vol simplifiées.
Produit à 86 exemplaires à destination exclusive de l’Armée de l’Air, le chasseur bombardier est admis au service opérationnel à partir de mars 1994 à la « Trois », plus précisément à l’EC 1/3 « Navarre ». D’ailleurs, dès cette époque les 2000D assurent leurs premières patrouilles opérationnelles au dessus de la Bosnie, car ils sont « livrés » directement en provenance du 5/330.
Dans un premier temps, le standard R1 du 2000D permettait uniquement le tir d’armes de précision de type AS-30L, avec le pod Atlis pour désigner la cible. Avec les standards R2 et R3, l’avion devient capable de tirer les bombes guidées par laser, puis les missiles Apache et Scalp, avec les pods PDL-CT(S) (pod de désignation laser et caméra thermique).
Les trois escadrons de la 3ème Escadre vont être dotés de 2000D à compter de novembre 1993 (1/3 Navarre), juin 1994 (3/3 Ardennes) et juillet 1996 (2/3 Champagne). Malgré les changements intervenus dans l’Armée de l’Air depuis cette époque, les trois escadrons demeurent aujourd’hui actifs et opérationnels sur les mêmes avions, témoignage de la haute valeur des unités et des avions (ainsi que de leur relative jeunesse).
L’EC 1/3 « Navarre » est constitué de trois escadrilles: ses « traditionnelles » SPA 95 (le martinet, 1° escadrille) et SPA 153 (le gypaète, 2° escadrille), auxquelles est venue s’ajouter le coq combattant de la SPA 62, en juin 1995.
L’EC 2/3 « Champagne » est constitué lui aussi de trois escadrilles: les « traditionnelles » SPA 67 (la cigogne de Navarre, 1° escadrille) et SPA 75 (le charognard, 2° escadrille), et le soleil de Rhodes de la SPA 102, adopté comme 3° escadrille en juin 1995.
Les trois escadrilles de l’EC 3/3 « Ardennes » ont pour emblême des « sangliers »: aux hures de la 1.GC III/3 et 2.GC III/3, est venue s’ajouter en juin 1995 le sanglier assis de la BR 44.
En dehors des escadrons héritiers de la « Trois », les 2000D volent ou ont volé au sein de trois escadrons composites: l’EC 5/330 « Côte d’Argent », l’EC 4/33 « Vexin » de la BA-188 de Djibouti-Ambouli (dissous en novembre 2008), et l’EC 3/11 « Corse », recréé en novembre 2008 pour remplacer le « Vexin ».
A Djibouti, la mission polyvalente du 4/33 « Vexin » s’est parfaitement accomodée du mix Mirage 2000C/2000D alloué à l’unité. Les 2000D sont arrivés à l’escadron en juillet 2002, un peu après les 2000C. Devançant la disparition des autres unités héritières de la 33è Escadre, les Mousquetaires du 4/33 ont cédé la place au 3/11 « Corse » en novembre 2008.
Sur la BA-118 de Mont-de-Marsan, les missions du Centre d’Expériences Aériennes Militaires constituent l’ossature de l’activité du 5/330. Mais depuis plusieurs années, le « Côte d’Argent » est davantage impliqué dans des missions opérationnelles normales ainsi que dans des exercices internationaux, comme lors du Tiger Meet de 2010, où le 5/330 volait sur deux 2000D.
A l’heure où il est question de traiter différentes obsolescences pour conserver intacte la valeur opérationnelle des 2000D dans le futur , ou peut-être pour adapter le système à une autre mission, il ne fait aucun doute que le Mirage « mud » peut avoir devant lui plus encore d’une décennie de service, demeurant un des arguments les plus frappants des forces françaises.
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