Huit années après le Tiger Meet de 2003, la base aérienne 103 et l’escadron de chasse 1/12 accueillaient à nouveau la réunion annuelle des Tigres.
C’était le septième et ultime Tiger Meet organisé sur la base d’Epinoy: le 1/12 fut l’hôte de la quatrième édition en juin 1964, de la douzième en juin 1972, de la 19ème en juin 1979, de la 26ème en juin 1986, de la 32ème en mai 1994 et de la 38ème édition en juin 2003.
Comme en 2003, ce Tiger Meet de 2011 fut influencé par des opérations de guerre aérienne auxquelles prenaient part plusieurs unités membres du club. Ainsi, le 313è Sqn néerlandais, le 230è Sqn de la RAF furent absents des débats. D’autre part, les MiG-29 slovaques ainsi que les Mirage F-1 du 141è Escuadron espagnol ne participèrent pas aux exercices. La flottille 11F, en transformation sur Rafale, ne participait pas non plus à cette édition.
Mais la volonté du « Cambrésis », une des trois unités fondatrices du Tiger Meet (avec le 79è TFS US et le 74è Sqn britannique), et de la BA 103, de faire du NTM 2011 un événement mémorable surmonta tous les obstacles.
Pour finir, la base aérienne 103 hébergea plus de 40 avions et hélicoptères durant la durée de l’exercice, du 9 au 20 mai.
Pour la troisième année consécutive, les opérations se sont déroulées durant deux semaines, afin de renforcer encore l’intérêt opérationnel de cette réunion. En effet, il y a toujours des esprits chagrins pour affirmer que le Tiger Meet est surtout festif et social, et que son rendement pour l’entraînement des unités n’est pas suffisant.
A Cambrai en 2011, la préparation était minutieuse et l’exercice international avait atteint un réalisme inégalé: pour la première fois, un détachement de forces spéciales (du 1er RPIMA) prenait part aux opérations.
Naturellement, plusieurs tankers (français et US du New Jersey ANG) et un E-3F, auxquels s’ajoutait un Learjet 36 de guerre électronique (appartenant à un contractant allemand privé) permettait des missions en profondeur et la gestion des situations complexes qui se développaient durant les COMAO (Combined Air Operations) de l’après-midi.
Une liaison 16 était activée (par des personnels du CEAM) pour assurer un suivi de la situation en temps réel, au sol comme dans l’AWACS.
Le matin, des missions plus simples de DACT (Dissimilar Air Combat Training) à 2 contre 2 ou 4 contre 4 étaient planifiées, notamment au bénéfice des pilotes les moins habitués aux exercices internationaux.
Au total, chaque jour jusqu’à une petite centaine de sorties eut lieu. Par moment, l’air de la base aérienne 103 vibra comme jamais. L’organisation de la circulation aérienne était en elle même un exercice difficile.
Pour cette raison d’ailleurs, la plupart des approches se firent en longue finale, ce qui priva souvent les spectateurs du beau spectacle des avions au break: en effet la séparation du trafic est beaucoup plus facile à gérer avec des circuits longs.
Trophées et décorations
Les trophées furent décernés démocratiquement par les participants: le Tigre d’Argent allant à l’Esquadra 301 portuguaise, le Best Flying Ops étant décerné aussi à l’Esq. 301. Un trophée spécial de l’Esprit Tigre fut décerné à la base aérienne 103, et le Tigre de Bronze à l’EC 1/12.
Côté ambiance, la récompense de la meilleure décoration fut bien méritée par l’AG 51, celle des meilleurs jeux au Staffel 11 helvétique, et le trophée du plus bel uniforme tigre à l’EC 5/330.
A noter que la décoration spéciale des deux Mirage 2000 du 1/12 avait été confiée à un contractant extérieur, Happy Design Studio, ce qui aboutit à un résultat un peu inhabituel mais très réussi pour le 103-LI (n°?) et le 103-KV (n°88).
Les amateurs de tigres plus classiques eurent de quoi se contenter avec le 118-EQ (n°?) du Côte d’Argent, voire même un camion citerne du SEA de la BA 103 !
Côté Tornado, on fut effectivement gâté avec pas moins de 3 décorations spéciales: l’absence de la Luftwaffe dans les opérations lybiennes donna sans doute aux équipes allemandes un peu plus de temps pour concrétiser leur imagination.
Le Tigre du Staffel 321 était vraiment resplendissant.
En ce qui concerne la galerie F-16, ce sont les Belges qui ont proposé le plus beau spécimen, célébrant le 60è anniversaire de la 31è escadrille et le 50è anniversaire du Tiger Meet.
Les F-18 suisses et espagnols n’étaient pas mal non plus, avec des décorations de dérives pour les premiers et basse visibilité pour les seconds (mais des bidons en couleurs).
Les participants
Quinze unités ont participé aux exercices, à commencer bien sûr par l’EC 1/12 « Cambrésis » et l’ECE 5/330 « Côte d’Argent » du CEAM.
Le 5/330 volait sur des avions présentant des marquages très diversifiés.
Présents en nombre, les Tornado allemands des deux unités Tiger de la Luftwaffe, le Staffel 321 du Jabo 32 (Tornado ECR) et les IDS de l’AG 51 (A pour Aufklärung, c’est-à-dire reconnaissance) bénéficiaient des hangarettes disponibles à Cambrai depuis la disparition du 2/12 « Picardie ».
Les Portugais participaient aussi en force avec 6 F-16A de l’Esq. 301 « Jaguares » de Monte Real.
Le 192è Filo turc avait amené lui ses F-16C et D, le biplace ayant la même décoration que celle de Volkel.
Indissociables des précédents, les F-16C et D du 335è Mira grec: les pilotes des deux nations présentaient une banière de leur pays dans le cockpit de certains des avions … ambiance !
Mais également, ils nous ont offert plusieurs décollages dignes d’un Tiger Meet.
La Pologne était présente en force avec 4 F-16 « Block 52+ », les carénages des « conformal tanks » affectant sérieusement l’esthétique du Fighting Falcon.
Les aviateurs polonais ont profité de l’occasion pour célébrer la mémoire de leurs combats lors de la campagne de France, aux côtés des Britanniques et des Français.
Les F-18 disputaient presque le show, pour une fois, aux F-16, avec les « Hornet » C et D du 11è Staffel de la Fliegertruppe, et les EF-18A plus anciens de l’Ala de Caza 15 (Zaragoza) espagnole.
Ces derniers d’ailleurs faisaient un usage parcimonieux de la post-combustion lors des décollages.
Incontournables désormais, les Tchèques du 211è Sqn et leurs Saab Gripen (des modèles C et D), ainsi que les toujours impressionnants Mi-24 du 221è Sqn.
On a admiré les décorations des J-39, surtout les yeux de tigre sur les canards.
Les deux Saab 105 de l’unité de formation autrichienne apportaient une touche de diversité aux envols: ce sont les avions les plus anciens du Tiger Meet.
Les AB-212 du 21è Gruppo, en mission CSAR, toujours appréciés du public, en souvenir sans doute de certains films hollywoodiens.
Participant également aux missions, trois hélicoptères de l’Armée de Terre, un Puma, une Gazelle et un … Tigre. Est-ce que les futurs Tiger Meet verront encore des Tigre ? … ce ne serait pas étonnant.
Hormis ces escadrons, plusieurs unités avaient dépêché des avions visiteurs, soit pour quelques jours, soit pour le meeting du week-end à Niergnies: en premier lieu les MiG-29 du 1er Sqn slovaque, et les Mirage F-1 du 142è Escuadron de Caza d’Albacete. Les Belges de 31è Escadrille sont venus à deux: que serait un Tiger Meet sans la participation de nos voisins d’outre Quiévrain ?
Ce n’était pas qu’un « Au Revoir »
L’escadron de chasse 1/12 « Cambrésis » et la base aérienne 103 (aidée par des personnels d’autres plate-formes de l’Armée de l’Air) ont remporté leur pari haut la main, le NATO Tiger Meet 2011 demeurera une cuvée millésimée.
Les participants et les spectateurs se souviendront très longtemps de Cambrai comme un des hauts lieux de l’esprit tigre, une base où les fortes traditions des unités de chasse françaises et occidentales se sont exprimées durant des décennies.
Même si la SPA 162 ornera dès la fin 2012 les dérives d’autres avions que ceux du 1/12, un chapitre du Tiger Meet est définitivement clos, personne ne s’y trompe.
Remerciements: à la NATO Tiger Meet Association, au personnel de la BA 103 pour sa bienveillance, en particulier l’Adj Cartigny pour sa gentillesse.
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