Le premier prototype N.2500 n°01 (F-WFKL) a décollé pour la première fois de Brétigny le 10 septembre 1949 équipé de deux moteurs SNECMA 14R-200; il fut suivi, quatorze mois plus tard, par le N.2501 Noratlas n°02 (F-WFUN) équipé de deux Bristol Hercules 759. Trois N.2501 de présérie ont encore été nécessaires au développement du Noratlas (n°03 F-ZBAT, n°04 F-WFRG puis F-BFRG, et le n°05 qui fera une longue carrière au CEAM).
Suivent un total de 208 N.2501 pour l’Armée de l’Air, 187 N.2501D (dont les 162 derniers exemplaires construits en Allemagne) pour la Luftwaffe et 6 N.2501IS pour Israël. La version N.2502 était caractérisée par ses deux réacteurs Turboméca Marboré en bout d’aile. Elle fut livrée à deux compagnies civiles: U.A.T. (7 N.2502A) et Air Algérie (3 N.2502B). Le C.E.V. recevra un N.2052C et la force aérienne portugaise 6 N.2502F.
Les autres versions sont:
– le N.2504 : un seul exemplaire pour la marine qui l’utilisa comme banc d’essais à la flottille 10S,
– le N.2506 (projet N.2501E) version d’assaut sur terrains sommaires ; un seul exemplaire (FWIEX) de démonstration en vue de modifier les N2501 sur la chaîne de production ; il était équipé d’un train capable de « baraquer » (abaisser l’arrière du cargo), de pneus basse pression, de volets modifiés et de deux réacteurs d’appoint en bout d’aile.
– le N.2508 ex- N°04 devenu successivement N.2503 avec deux P&W R-2800 CB17 (deux étages de compression), des hélices tripales, puis N.2508 N°01 (avec turboréacteurs en bout d’aile)
Plusieurs sous-versions du N.2501 ont été utilisées en France, les principales sont :
– le N.2501 Radio Navigation Radar à nez radar cylindrique : 6 exemplaires pour le GE 316,
– le N.2501 Système de Navigation Bombardement avec carénage latéral et large antenne ventrale circulaire : 5 exemplaires pour le CIFAS 328
– le N.2501 «Gabriel» de guerre électronique avec carénage latéral et plusieurs antennes ventrales : 8 exemplaires pour l’ELA55 puis L’EE54,
– le N.2501 de calibration : 3 exemplaires pour l’escadrille EC57 chargée de la calibration des systèmes de navigation et d’atterrissage.
D’autres modifications mineures ou temporaires ont été faites sur des N.2501 en service, telles que PC volant ou version VIP.
De la fin 1953 (arrivée du Nord à l’ET3/61) à la fin 1986 (dissolution de l’ET2/63 Vercors) le N.2501 a servi dans presque toutes les unités de transport de l’Armée de l’Air. Dans cette partie nous ne parlons que des groupes et escadrons des quatre escadres de transport (61 à 64). Pour faire simple les groupes étaient des unités généralement éloignées (outre-mer) et plus ou moins autonomes ; ils étaient rattachés administrativement à une escadre. Les escadrons étaient regroupés sur une même base aérienne sous la coupe de l’escadre, le GERMAS de l’escadre assurait alors le suivi mécanique des avions. Tous ces escadrons et Groupes de transport portaient des noms de provinces ou de régions.
La 61ème escadre de transport sous le règne de la « Grise » se composait de trois escadrons: ET 1/61 Touraine, ET 2/61 Franche-Comté et 3/61 Poitou. Depuis 1953, la 61 est inséparable de la base d’Orléans.
La 62ème escadre ne conserva durablement que deux de ses trois escadrons: le 1/62 Vercors (ex-Algérie) et 2/62 Anjou; le 3/62 Sahara dissout à Alger début 1964 rejoindra Pau où il fusionnera avec l’EITA-341 (venu de Toulouse) pour donner l’escadron 2/63 Bigorre d’une 63ème escadre atypique, le 1/63 étant le Bretagne basé à Thiès (jusqu’en 1965, date de sa dissolution). Il faut noter ici la complexité de ces appellations car le 2/63 fut aussi un groupe, le Sénégal qui vola sur Nord 2501 pendant 18 mois à Bordeaux (code 63-Lx).
La migration du Bigorre se poursuivra avec la fermeture de la base de Pau et le déménagement (été 1972) vers Evreux où le 2/63 devient l’ET 3/64 et rejoindra le 1/64 Béarn (code 64-Ix) il ne cohabitera donc pas avec le GT 2/64 Anjou qui lui aussi voyageait beaucoup avec ses Nord : Indochine (1954-55), Blida où il devient GT 2/62, puis Reims. Et comme il faut bien finir la boucle, l’ET Anjou retrouva son escadre d’origine, la 64, en 1978 lors de la dissolution de la 62.
Les appellations des unités de l’Armée de l’Air ont cela de sympathique, qu’il suffit de suivre l’ordre des chiffres nous allons donc nous concentrer aujourd’hui sur les « 3xx » : GI 312, GE 316, CIFAS 328, sans oublier de mentionner l’EITA 341 et bien sûr le CIET 340.
Pour ne pas fâcher les « sournois » (là je suis obligé par honnêteté de dévoiler le surnom que les stagiaires ont toujours donné – du moins sous le règne de la « Grise » – aux moniteurs, testeurs et autres tourmenteurs de cette institution) … pour ne pas fâcher les sournois, donc, je me dois de commencer par le Centre d’Instruction des Equipages de Transport, CIET 340 de Toulouse, autoproclamé « Université du Transport ». Créé en 1946, il a formé tous les transporteurs sur Beech 45, Junker 52, C-47 et Nord 2501 (à partir de décembre 1954). Bien sûr l’histoire ne s’arrête pas là : il poursuivra sur Transall, Nord 262, etc. Depuis, le CIET a déménagé (pendant l’été 2008) vers Orléans et les Escadrilles d’Instruction des Equipages (EIE) sont aujourd’hui éparpillées à : Evreux (EIE C160), Orléans (EIE C130), Roissy (EIE Airbus), et Villacoublay (EIE TBM700 et Falcon).
Le CIET se rendit célèbre avec la Patrouille Guimauve qui vola une dizaine d’années (de 1960 à 1971), utilisant d’abord quatre Grises puis cinq ou six selon les saisons de présentations (exceptionnellement sept) ; il est à remarquer que pendant toute cette période il n’y eut pas d’accident mortel à la patrouille Guimauve.
Vers la fin 1969 les premiers Transall rejoignent la grosse vingtaine de « Grises » restantes. Les codes radio passent de 340-Hx en 340-Vx. En juin 1978, lors de la création de la nouvelle 63ème Escadre, le CIET 340 devient l’escadron d’instruction 1/63 (le deuxième étant l’ET2/63 Vercors). Le CIET perdra ses derniers Nord en 1986 à la dissolution de la 63.
L’EITA 1/119 puis 341 est une Escadrille d’Instruction créée en 1951 à Pau pour former les paras et largueurs des TAP (Troupes Aéroportées) elle échangea ses C-47 pour le N.2501 à partir de 1957. En mars 1964 elle fusionna avec le 3/64 Sahara pour donner l’ET2/63 Bigorre (voir la 2ème partie de cette étude).
Remarque: dans l’ouvrage de Xavier Capy (« Nord 2501 Le Noratlas ») on trouve un gros plan d’un N.2501de l’EITA 341; probablement le N°21 (341-K: le marquage sur les poutres ne comportait que la dernière lettre du code radio).
Le Groupement Ecole GE 316 créé en 1965 à Avord avait déjà déménagé à Francazal lorsqu’en 1968 il reçut son premier Nord 2501RN (classe volante pour les élèves radio-navigants). L’année suivante arrivait son premier « RNR » équipé du nez radar caractéristique. En tout, six N.2501 ont été modifiés en N.2501RNR: les n°114, 171, 189, 193, 194, 196. Le Nord volera au GE 316 jusqu’en 1986.
Les Force Aériennes Stratégiques étaient un important ‘client’ des escadres de Nord qui assuraient en plus des ‘navettes FAS’ l’alerte « Lucifer ». Les FAS ont ainsi pris goût à la grise dont cinq exemplaires (n°132, 155, 186, 200 et 203) furent modifiés par l’AIA de Clermont en N.2501SNB (Système de Navigation et de Bombardement) et affectés au CIFAS 328 de Bordeaux-Mérignac pour former les navigateurs de Mirage IVA.
Le Centre d’Instruction au Bombardement (CIB) 328 implanté à Bordeaux depuis 1961 change de nom en 1964 à la création des FAS et reçoit ses premiers ‘SNB’ qui voleront jusqu’en 1985. Quelques Nord cargo étaient également affectés au CIFAS.
L’Ecole de l’Air de Salon de Provence a utilisé le N.2501 de 1965 à 1983. L’Escadron de Transport, qui dépendait de la Division des vols du GI 312, a mis en œuvre jusqu’à huit appareils (en 1970); ils étaient utilisés pour l’entrainement parachutiste des élèves, les déplacements des promotions, mais aussi l’accompagnement de la Patrouille de France et, à partir de 1978, l’entrainement et le largage de l’équipe parachutiste des « Phénix ».
(à suivre)
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Référence documentaire: « Nord 2501 Le Noratlas », Xavier Capy, Ed. Escale, 1997.