« J’ai bien trouvé les marche-pieds, mais où sont les ailes? »
C’est ainsi qu’un célèbre pilote d’essais relatait sa première rencontre avec le célèbre « pur-sang » de Lockheed.
Utilisé à dose homéopathique dans les escadrons de l’USAF (dans ses versions intercepteur), le Starfighter fût très tôt exporté massivement en Europe dans une version améliorée, le F-104G, qui incluait un système de navigation et d’attaque très moderne.
Construit sous licence dans plusieurs pays, le F-104G vola dans des missions d’interception, mais aussi d’attaque conventionnelle et nucléaire, et de reconnaissance. Dans la plupart des autres pays, la carrière du 104 s’étendit sur une vingtaine d’années, une durée comparable à celle du Mirage IIIC, mais inférieure à celle du Mirage IIIE, autres chasseurs de troisième génération. C’est à l’Italie que revint l’honneur de fermer le ban en Europe, puisque les intercepteurs F-104S de l’AMI volèrent en opérations jusqu’en 2004.
En Allemagne, la Luftwaffe a utilisé le chasseur de juillet 1960 à octobre 1987, la RFA réceptionnant pas moins de 916 Starfighter (au total). Ce nombre impressionnant d’avions a servi dans 2 escadres de reconnaissance, 2 de défense aérienne, et 6 JaBo, avec en plus l’unité de conversion opérationnelle, le 58ème TFTW de Luke AFB (USA).
La BundesMarine a également volé sur F-104G (deux escadres).
La Belgique utilisa 113 F-104G et TF-104G (les monoplaces construits sous licence par SABCA).
Le Starfighter servit avec la Force aérienne belge entre février 1963 et septembre 1983, dans quatre escadrons des 1er et 10ème Wing (basés respectivement à Beauvechain et Kleine Brögel).
Les Pays-Bas ont utilisé 138 Starfighters construits sous licence en Europe, à partir de décembre 1962.
L’avion fut utilisé en missions de reconnaissance (306ème escadron), d’interception (322è, 323è Sqdn) et d’assaut (311è, 312è Sqdn), jusqu’en 1984.
La Norvège a reçu, en 1963, 19 F-104G construits par Canadair et 4 TF-104G. De plus, en 1974, 18 CF-104 et 4 CF-104D furent réceptionnés en provenance du Canada.
Les 331ème et 334ème Sqdn de Bodo volèrent sur Starfighter, en mission d’interception et d’assaut. Le dernier F-104 norvégien a été retiré du service en 1982.
Le Danemark reçu initialement 25 F-104G (construits sous licence par Canadair) et 4 TF-104G de Lockheed. Des Starfighter canadiens de seconde main furent livrés entre 1972 et 1974 (15 CF-104 et 7 CF-104D). La Force aérienne danoise retira les 104 du service en 1986.
Seuls deux escadrons de la base d’Aalborg, les 723ème et 726ème, ont volé sur l’appareil, dans des missions de défense aérienne.
La Grèce reçut 45 F-104G et 6 TF-104G, de Lockheed, à partir d’avril 1964. Cette livraison fut complétée par de nombreux F-104 de seconde main, dont 79 de l’Allemagne, 7 des Pays-Bas et 9 d’Espagne. Les derniers Starfighter grecs quittèrent le service actif en mars 1993, après avoir équipé deux escadrons, les 335ème et 336ème Mira (Tanagra et Araxos).
L’Italie reçut d’abord 105 F-104G, 24 TF-104G et 20 RF-104G, opérationnels en mars 1963. Une seconde génération de Starfighter, le F-104S, fut construite sous licence en Italie et livrée à 205 exemplaires. Six TF-104G ex-Luftwaffe furent également réceptionnés, faisant de l’AMI le second utilisateur de Starfighter (360 ex.).
Les Italiens utilisèrent le 104 dans ses diverses capacités (interception, assaut) et le F-104S fut officiellement retiré du service en mai 2004.
La Turquie reçut à partir de 1963 48 F-104G et 6 TF-104G de Lockheed et Canadair, puis acheta 40 F-104S à Fiat en 1974-1975. Les Turcs reçurent également un grand nombre de Starfighter en surplus d’autres nations de l’OTAN, dont 170 appareils allemands, 53 néerlandais et 52 canadiens. Le F-104 fut retiré du service actif de la Force aérienne turque en 1996, ayant équipé 9 escadrons de première ligne.
Bien que non membre de l’OTAN, l’Espagne a également reçu des Starfighter: 18 F-104G construits par Canadair et 3 TF-104G construits par Lockheed furent livrés à l’Ejercito del Aire en 1965. Le séjour ibérique du F-104 fut de courte durée, jusqu’en 1972, et ne concerna qu’un seul escadron.
Le Canada utilisa à partir de 1962 un total de 200 CF-104 de construction canadienne et 38 biplaces CF-104D construits par Lockheed. Le Starfighter constitua l’épine dorsale de la Force aérienne canadienne en Europe, avec jusqu’à 8 escadrons opérationnels, et un OCU (417) au Canada.
Le 104 fut surtout employé dans des missions d’assaut et de reconnaissance à basse altitude, et ce jusqu’en 1986.
Après les chasseurs F-86F Sabre et F-84F Thunderstreak fournis en grand nombre par les USA à des pays européens qui se relevaient à grand peine de la guerre, le Starfighter restera l’avion de combat exporté en masse vers tous les pays européens non neutres qui ne disposaient pas d’une industrie nationale puissante.
Même le F-16 ne put pas être vendu à autant de pays en Europe, malgré des qualités autrement plus évidentes. Et il est douteux que les USA puisse réitérer un tel succès à l’export avec le problématique F-35, leur « lightweight fighter de 5ème génération ».
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