Le CASA 235 est l’avion de transport tactique numériquement le plus important dans la flotte de la BAP. Avec 27 avions en parc, opérant en métropole et outremer, le ‘Transalito’ occupe maintenant une niche de choix dans l’Armée de l’Air.
Entré en service à partir de 1991, le CN-235 vole aujourd’hui sous deux standards différents, correspondant à deux commandes: le standard -200, livré entre 1990 et 2003, et le standard -300, livré entre 2011 et 2013. Le premier CN-235, un standard -100, a été perdu dans un accident grave le 17 décembre 2003.
Le standard -200 est le plus répandu dans les escadrons, aussi bien à Creil que hors métropole. Les 19 avions portent une immatriculation de IB à IT. Il s’agit des numéros 045, 065, 066, 071, 072,105, 107, 111, 114, 123, 128, 129, 137, 141, 152, 156, 158, 160 et 165.
Le standard -300 se caractérise notamment par une avionique moderne, conforme aux exigences OACI, et un train avant à deux roues en diabolo, rendant l’avion plus adapté aux pistes sommaires. Huit avions volent, les n°193 à 200, et portent des immatriculations de 62-HA à HH. Le -300 peut être équipé d’un kit de blindage de cockpit pour évoluer en zones de menaces.
La mise en service opérationnel du CN-235 se fit par l’EE 6/330 Albret à Mont-de-Marsan, l’avion étant peu après intégré à l’ETL 1/62 Vercors. Cet escadron fut recréé sur la base aérienne 110 de Creil le 1er août 1993. A l’époque où la flotte de Transall était abondante, le CN-235 fut surtout utilisé en transport de personnel et de fret léger, sa soute étant bien adaptée pour transporter un turboréacteur de Mirage.
Le second escadron à intégrer l’appareil fut l’ETOM 82 Maine de Tahiti Faa’a, avec deux appareils (les 065 et 072), qui arrivèrent entre janvier et mars 1996, et furent baptisés Aeto et Temoe selon la tradition polynésienne (ce qui veut dire respectivement ‘aigle’ et ‘le rêve’).
Pour la petite histoire, il fallut s’y reprendre à deux fois pour convoyer le premier CASA à Tahiti, le survol de l’Australie ayant été interdit en juillet 1995 par les autorités de ce pays, en rétorsion aux derniers essais nucléaires français. C’est finalement munis d’un réservoir souple de 2400 litres et en transitant par les USA et Hawaii que les CN-235 rejoignirent la Polynésie française.
Les CASA de l’ETOM 82 trouvent en Polynésie un théâtre idéal, puisque leur autonomie et leur aptitude aux petits terrains leur ouvrent les portes de plus de 23 îles des archipels polynésiens.
Les CN-235 ne tardèrent à rejoindre ensuite l’escadron frère, l’ ETOM 52 Tontouta basé en Nouvelle-Calédonie (avec initialement les n°066 / 52-ID et 105 / 52-IH). Puis ce fut au tour de l’ETOM 58 Antilles de toucher des CASA, actuellement au nombre de trois, l’unité étant devenue l’ET 58 Antilles-Guyane, basé à Cayenne-Rochambeau, en 2012.
Après que le 1/62 Vercors fut entièrement doté de CN-235, un second escadron métropolitain de CASA fit mouvement vers la BA 110. Il s’agit du 3/62 Ventoux, héritier de l’ETE 0/42. Le Ventoux toucha des CN-235 le 27 novembre 2002; il quitta Mont-de-Marsan pour Creil le 28 juillet 2011.
C’est en 2008 que l’Armée de l’Air obtint la commande de huit avions supplémentaires: la mise à la retraite des Transall de première génération s’accélérant, il devenait urgent de prévoir un remplaçant à l’avion de transport à tout faire de la FAP, dans un premier temps pour le segment léger des missions tactiques.
L’arrivée des deux premiers -300 à Creil, le 6 janvier 2012, ouvrit la voie à une nouvelle expansion de l’emprise des CN-235, après un temps d’expérimentation opérationnelle. C’est à nouveau en outremer que le CASA fut déployé, avec l’arrivée des -300 à l’ET 50 Réunion les 4 juin et 18 juillet 2015.
Arrivés à ce point de l’histoire, les CN-235 de métropole vont plier bagages pour rejoindre la Normandie, les deux escadrons et les techniciens de l’ESTA 2E062 devant migrer vers la base aérienne 105 à Evreux dès l’été 2016.
Leur arrivée coïncide pratiquement avec la disparition de la première génération de Transall, tout au moins pour les escadrons conventionnels.
Depuis Serval en 2013, les CN-235 complémentent les Transall et C-130 en opex, même si pour le transport d’engins roulants l’avion reste limité par le diamètre de sa soute. Au nombre des capacités qui seraient intéressantes, il y a celle d’aérolargage de matériels.
Bientôt, les petits CASA auront pris possession de leur niche définitive. Avec la décision d’acheter les C-130J et de moderniser les C-130H, on sait désormais que la prochaine décennie verra une flotte de transport tactique stable composée de CN-235 (27), de Hercules (18), et d’Atlas (n).
Une formule finalement logique compte tenu des caractéristiques des différents appareils.
Copyright: Alexandre et escadrilles.org
Remerciements: à Jean-François Lipka et Pascal Schwarz pour les clichés air-2-air.