L’Armée de l’Air et de l’Espace compte en 2020 un peu plus de 40 000 militaires qui font voler 537 aéronefs basés sur un peu plus de 20 plate-formes permanentes (base aériennes et détachements), et plusieurs terrains d’opérations (source : Les chiffres clés de la défense – 2020). A l’égal de la Royal Air Force, l’AAE est conçue comme une force aérienne totale, capable de mener tout le spectre de missions, du renseignement à la frappe en profondeur (mais, notons que la RAF a stoppé la mission de strike nucléaire en 1998) ou à l’extraction d’équipages en terrain hostile … une US Air Force à l’échelle réduite en somme.
Cette ambition, voulue par la nation, se concrétise par des moyens sophistiqués multiples en plus de la traditionnelle panoplie de toute force aérienne autonome (formation, transport et hélicoptères, chasse-bombardement, drones). Depuis le début du siècle, des moyens significatifs sont de plus mobilisés pour la surveillance de l’espace, la cyberdéfense, … Le personnel et les équipements sont de plus en plus spécialisés, dans une ambiance de restrictions budgétaires qui n’a jamais cessé depuis 1995, et s’est même amplifiée dans la décennie 2010.
Presque à l’égal de l’USAF toujours, mais en proportion de ses moyens, l’Armée de l’Air et de l’Espace est déployée tout autour du globe, engagée dans plusieurs conflits régionaux de faible intensité (mais ne demandant qu’à s’embraser). De plus, la France ayant réintégré le commandement intégré de l’OTAN, l’AAE participe aux missions statutaires de l’alliance atlantique, en particulier au bénéfice de pays qui ne sont pas dotés de moyens aériens propres. En retour, plusieurs pays européens contribuent quelques moyens aériens aux opérations encadrées par la France en BSS.
L’acquisition de matériels neufs se fait au compte-gouttes, sauf lorsque les systèmes sont obtenus avec des moyens financiers novateurs, ce qui vaut essentiellement pour les flottes d’entraînement, à l’heure actuelle. L’introduction en service d’aéronefs sophistiqués ne se fait pas sans misères pour ce qui est de la mise au point opérationnelle, et réserve toujours de mauvaises surprises au niveau des coûts de maintenance. La rénovation d’aéronefs usagés est menée à un train de sénateur, alors que les besoins opérationnels urgents en opex obligent parfois l’AAE à des contorsions improbables pour mener à bien les missions en support d’éléments terrestres exposés 365 jours par an.
En fonction de ces éléments connus, on est amené à se poser deux questions en 2020 : comment fait l’Armée de l’Air et de l’Espace pour résoudre une équation ressources/missions apparemment insoluble, et, le modèle actuel est-il soutenable sans injection de moyens supplémentaires significatifs ? Faute de pouvoir répondre à ces questions, on peut tenter un état des lieux … vu de l’extérieur.
Huit : c’est le nombre d’escadrons ‘pleins’ dont dispose l’AAE pour assurer la défense aérienne et mener à bien les attaques tactiques ou stratégiques décidées au niveau gouvernemental. Une disponibilité moyenne (Rafale) ou médiocre (2000D) vient amputer ces moyens ‘papiers’ et réduire la capacité matérielle des aviateurs à faire face aux imprévus, mais une confrontation de moyenne intensité face à un adversaire à parité est-elle encore envisageable en dehors du cadre de l’OTAN ?
Toutefois, il y a des éléments pour éclaircir le tableau : l’arrivée en service des MRTT Phénix apporte un nouveau souffle aux capacités de frappe des chasseurs, et la flotte d’AWACS, modernisée au fur et à mesure pour rester au meilleur niveau, offre un cadre exceptionnel à l’action de l’aviation de combat. D’autre part, avec une composante ‘drone’ qui arrive à maturité et qui peut enfin utiliser toutes les capacités offertes par le Reaper, l’AAE a fait un bon en avant sensible avec des conséquences importantes en terme de gain opérationnel.
L’horizon à moyen terme s’éclaircit également, puisque la commande de la dernière tranche de Rafale de la LPM est (quasiment) assurée, 28 avions, et la modernisation des 2000D, au moins 45 avions, est engagée avec une échéance prévue avant 2024.
Les transporteurs sont mieux lotis qu’en 2015, sur le papier, mais avec un équilibre de la flotte sensiblement changé au détriment des avions de transport tactique moyens, au profit bien sûr des A400 ; la disponibilité de la flotte Atlas, longtemps insuffisante, voit une amélioration sensible en 2020. Un facteur sérieux entrave les capacités tactiques de la BAAP : la rénovation des C-130H progresse à pas comptés. A ce compte-là, nul doute que la déflation quasi-achevée du parc de Transall se fait sentir sur le terrain des opérations. A court terme, l’aviation de transport tactique doit donc espérer une remise en conditions rapide de ses C-130H pour faire face aux besoins opérationnels pressants en BSS. Si l’on évoque de plus en plus un futur A200M, il se passera au moins une décennie avant que ce ‘Transall-new look’ ne pointe le bout des ses hélices en opérations.
Pour ce qui est des hélicoptéristes, le tableau n’est pas rose du côté des Puma et Super Puma. La carence de voilures tournantes doit être particulièrement sensible en outremer, là où les absences matérielles ne peuvent être compensées par l’ALAT. Nul doute qu’une dotation initiale de H160 aurait été bienvenue pour l’Armée de l’Air.
La flotte d’aviation de liaison et gouvernementale est pour l’essentiel inchangée, et bénéficie toujours des meilleurs taux de disponibilité de toute l’aviation militaire, pour ce qui est de la seconde composante.
Les jeunes élèves-pilotes bénéficient maintenant d’un environnement entièrement modernisé pour leur formation en vol, de l’initiation, au pilotage de base et avancé, et jusqu’à la spécialisation. Du planeur Marianne aux PC-21 et Xingu, chaque élément est à sa place pour assurer la formation initiale des jeunes chasseurs, transporteurs et hélicoptéristes (ces derniers font cause commune avec les autres armées, à Dax). La flotte de Xingu bénéficie d’une maintenance externalisée sous contrat, alors que Cirrus, Grob et PC-21 appartiennent carrément à des opérateurs privés.
Si de nouveaux ajustements sont attendus au niveau de la flotte des monomoteurs, et à terme pour ce qui est de l’Ecole d’aviation de transport, c’est surtout la phase 4 de la formation de pilote de chasse qui est révolutionnée, avec l’abandon du réacteur. Nul doute que les résultats des nouvelles promotions de l’Ecole d’aviation de chasse, les 100% turboprop, seront scrutés à la loupe lors de la transformation des jeunes pilotes sur avion d’armes.
Il ne serait pas étonnant que le non-remplacement des Alphajet, pour cause de ‘rationalisation du cursus’ (traduire économie) se traduise in fine par une augmentation du nombre d’heures de vol requis sur les biplaces 2000B et, dans une moindre mesure, sur Rafale B. Qui vivra verra …
Au terme de cet état des lieux, un constat s’impose : on ne sait pas comment fait l’Armée de l’Air et de l’Espace pour faire autant … avec si peu de ressources. Cependant, certains chiffres issus de rapports parlementaires (disponibilité, préparation opérationnelle des navigants, écarts négatifs par rapport aux standards OTAN) nourrissent une certaine inquiétude sur la capacité à tenir le rythme actuel dans la durée … sans apports budgétaires significatifs.
(aux connaisseurs : prière de me signaler tout oubli ou erreur, qui sera corrigé(e) sans délai …. MERCI)
Escadron | Traditions | Avion(s) | Base |
---|---|---|---|
EC 1/3 Navarre | SPA95 SPA153 SPA62 | Mirage 2000D | Ochey |
EC 2/3 Champagne | SPA67 SPA75 SPA102 | = | = |
EC 3/3 Ardennes | 1.GCIII/3 2.GCIII/3 BR44 | = | = |
Escadron | Traditions | Avion(s) | Base |
---|---|---|---|
EC 1/2 Cigognes | SPA3 SPA103 SPA26 | Mirage 2000-5F | Luxeuil |
EC 2/5 Ile-de-France | C46 SPA84 SPA124 | 2000B/C | Orange |
EC 3/11 Corse | SPA88 SPA69 | Mirage 2000-5F | Djibouti |
Escadron | Traditions | Avion(s) | Base |
---|---|---|---|
EC 1/4 Gascogne | SAL28 SPA79 BR66 SPA37 | Rafale B | Saint-Dizier |
EC 2/4 La Fayette | N124 SPA167 SPA81 SPA96 | = | = |
EC 1/7 Provence | SPA15 6.GC III/7 | Rafale C/B | Al Dhafra |
EC 2/30 Normandie-Niémen | SPA93 SPA97 SPA91 | Rafale C/B | Mont-de-Marsan |
EC 3/30 Lorraine | SPA38 SAL56 SPA162 | = | = |
Escadron | Traditions | Avion(s) | Base |
---|---|---|---|
ERVTS 1/31 Bretagne | BR108 VB25 BR129 | A330 Phénix | Istres |
ERV 4/31 Sologne | LET465 SPA Bi54 | C-135FR, KC-135R | = |
Escadron | Traditions | Avion(s) | Base |
---|---|---|---|
ET 1/61 Touraine | VB101 VB113 (ELA53) | Airbus A400M | Orléans |
ET 2/61 Franche-Comté | SAL19 BR104 (BR111) | Lockheed (K)C-130H/J | = |
ET(FS) 3/61 Poitou | F118 F119 F121 | C-160R, C-130H, DHC-6 | = |
ET 1/62 Vercors | SPA Bi55 SAL8 (SPA Bi2) | CN-235 | Evreux |
ET 3/62 Ventoux | SAL105 VR551 | CN-235 | = |
ET 3/60 Estérel | BR227 BR224 (F110) | A310, A330 | Creil-Roissy |
ET 60 | ET 2/63 GLAM GAEL ELA52 (BR226) | A330, Super Puma, Falcon 900, 2000 et 7X | Villacoublay |
ET 41 Verdun | Verdun | TBM 700 | = |
ET 43 Médoc | ELA43 (ELA44) | TBM 700 | Mérignac |
Escadron | Traditions | Aéronefs | Base |
---|---|---|---|
ED 1/33 Belfort | SAL33 VR291 | Reaper | Cognac |
ED 2/33 Savoie | SAL6 SPA Bi53 | = | = |
ETOD 3/33 Moselle | BR11 | = | = |
Escadron | Traditions | Aéronefs | Base |
EDCA 36 Berry | SAL58 BR43 SAL253 SAL257 | E-3F | Avord |
EEA 54 Dunkerque | BR228 SAL1 SAL259 (GMT 59) | C-160G, Vador | Evreux |
GAM 56 Vaucluse | ELA56 | Evreux | |
ECE 1/30 Côte d’Argent | BR127 BR128 | Mirage 2000, Rafale, Alphajet | Mont-de-Marsan |
EE 3/8 Côte d’Or | SPA65 SPA57 | Alphajet | Cazaux |
EPAA | Alphajet | Salon | |
EVAA | Extra 330 | = |
Escadron | Traditions | Type(s) | Base |
---|---|---|---|
EH 1/67 (FS) Pyrénées | SAL 17 BR29 BR123 (EHM 2/65) | Caracal | Cazaux |
EH 3/67 Parisis | SPA 99 | Fennec | Villacoublay |
EH 5/67 Alpilles | EH4/67 VB135 | Fennec | Orange |
EH 1/44 Solenzara | ELAS 44 (ERS99) | Puma, Super Puma | Solenzara |
Escadron | Traditions | Type(s) | Base |
---|---|---|---|
ET 50 Réunion | – | Fennec, CN-235 | Saint-Denis |
ET 52 La Tontouta | EROM80 BR107 | Fennec, CN-235 | La Tontouta |
ET 55 Ouessant | – | Fennec | Libreville |
ET 68 Antilles-Guyane | ETOM58 SPA152 | CN-235, Puma, Fennec | Rochambeau |
ET 82 Maine | – | CN-235 | Tahiti Faa’a |
ET 88 Larzac | BR117 BR120 | Puma, CN-235 | Djibouti |
Escadron | Traditions | Type(s) | Base |
---|---|---|---|
EIAM (312) | – | planeurs, D-140 | Salon |
EIV 1/93 Aunis | SAL277 SAL10 | Cirrus SR-20/22 | Salon |
EIV 2/93 Cévennes | VB109 VB125 | = | = |
ESE 3/5 Comtat-Venaissin | ERC571 SPA171 | = | = |
EIV 1/13 Artois | SPA83 SPA100 SPA155 | Grob 120 | Cognac |
EIV 2/12 Picardie | SPA172 SPA173 EALA9/72 | = | = |
ESE 1/11 Roussillon | 5.GCIII/6 6.GCIII/6 | = | = |
EIV 3/13 Auvergne | SPA85 4.GCII/9 | Pilatus PC-21 | Cognac |
EIV 4/7 Limousin | 1.GCI/9 2.GCI/9 | PC-21 | = |
EIV Fourchambault | – | Embraer Xingu | Avord |
AJetTS 2/8 Nice | SPA73 SPA78 | Alphajet | Cazaux |
ETO Hélicoptères légers | GAO 2/520 | Fennec | Orange |
ET 2000D 4/3 Argonne | SPA31 SPA48 | Mirage 2000D | Ochey |
ET Rafale 3/4 Aquitaine | 4B3 2.GB I/25 | Rafale B/C/M | St-Dizier |
ET Phénix 3/31 Landes | SAL22 | A330 Phénix | Istres |
Notes :
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