La version de reconnaissance et d’attaque du F-1 conserve sa polyvalence grâce à son radar multimodes Cyrano IVMR et à ses capacités d’emport varié. Mais c’est bien la mission de reconnaissance qui a guidé le développement du F-1CR. De 1983 à 2013, le F-1CR fut employé intensivement dans presque toutes les zones du globe, de l’Asie occidentale, à l’Europe orientale, et en Afrique sub-saharienne, d’Est en Ouest.
Après la mise en service initiale au CEAM en 1982, le F-1CR débuta ses opérations au 2/33 Savoie le 1er juillet 1983, sur la base aérienne 124 de Strasbourg-Entzeim. Avec la fin de la 33ème escadre de reconnaissance, le 31 juillet 1993, le 2/33 devient autonome et renforce ses traditions en adoptant deux nouvelles escadrilles en plus de sa traditionnelle Mouette: la BR 11 et la C 53.
L’ER 2/33 dut faire deux fois ses valises : le 24 avril 1994, lorsqu’il déménagea de la région strasbourgeoise à la base aérienne 112, et une seconde fois en 2011, lorsqu’il rejoint la base landaise de Mont-de-Marsan..
La livraison des F-1CR se fit doucement puisque ce n’est qu’à la fin de 1985 que le 1/33 Belfort commença à voler sur Mirage F-1 (le 11 décembre). Le Belfort adopta lui aussi deux nouvelles escadrilles en août 1993, en plus de sa hache d’A. Bordage : l’escadrille EALA 9/72 et son Petit Prince (qui rappelle Antoine de St-Exupéry, pilote du GR 1/33), et l’escadrille BR 244.
L’ER 1/33 déménagea de sa base alsacienne le 24 mai 1994, prenant ses nouveaux quartiers à Reims-Bétheny. 16 ans plus tard, le Belfort quitta la base aérienne 112 puisque l’escadron fut mis en sommeil le 24 juin 2010.
Le Belfort a ensuite rejoint la base de Cognac pour devenir l’escadron de drones 1/33, avec 4 Harfang, puis 2 Reaper.
Dernier des trois escadrons à se rééquiper en F-1CR, le 3/33 Moselle poursuivit ses vols sur Mirage IIIR et RD jusqu’en 1988. La commande de 64 Mirage F-1CR ne suffisant pas pour équiper trois escadrons « grand format », en tenant compte du volant de réserve, le 3/33 fut aussi le premier à être cloué définitivement au sol, le 31 juillet 1993.
Toutefois, il survécut au travers de son escadrille BR 11, devenue 2ème escadrille du 2/33 Savoie aussitôt la dissolution du Moselle prononcée.
Mais revenons au Savoie, dernier escadron de la 33 à voler sur F-1CR à compter du 25 juin 2010 : le 2/33 bénéficie alors d’une flotte pléthorique, puisqu’il réunit outre une vingtaine de F-1CR, les derniers F-1B et F-1CT.
La participation à Harmattan est un gros morceau pour le 2/33, même si certaines missions semblent assurées par Mont-de-Marsan. C’est au cours de l’été que le Savoie quitte la base de Reims, qui ferme, pour rejoindre le dernier nid de F-1CR, la base aérienne 118.
C’est la dernière diagonale pour le prestigieux 2/33 et ses F-1CR : trois années passées dans les Landes qui ne voient pas de baisse d’activité pour les Mirage, bien au contraire. Escadrilles peut en témoigner grâce à plusieurs reportages au contact des chasseurs intelligents.
La dernière campagne de tir air/air (et oui, la reco sait se défendre) a lieu en février et mars 2013 à Solenzara. A cette occasion on célèbre le dernier lâcher sur F-1CR, et tous les pilotes qualifiés au tir canon, bien sûr ! Pour le plus grand plaisir de son commandant, ‘Benji’ …
Le chant du cygne du F-1CR a lieu au début de l’été 2014, lorsque le Savoie organise un méga-événement sous la conduite de son dernier commandant, le lieutenant-colonel Souberbielle.
Auparavant, en début d’hiver, les ‘Carol’ auront pu tirer les dernières bombes lisses de l’Armée de l’Air, à Cazaux. Prouvant une fois de plus la versatilité du F-1CR et la polyvalence de ses pilotes.
Fin de l’Histoire pour ce magnifique avion ? Et non, la suite prouva que le F-1CR en avait encore dans la musette … mais ce sera sous d’autres cieux et avec d’autres couleurs !
Le F-1CT est un Mirage F-1C.200 auquel on a greffé un système d’armes de F-1CR, avec en plus un télémètre-écartomètre laser. Issu d’un programme de décembre 1988, le chasseur-bombardier fut livré l’Armée de l’Air à partir du 13 février 1992, le premier des 55 exemplaires volant aux couleurs du CEAM.
La mise en service opérationnel du F-1CT fut un peu compliquée en raison de mouvements et de dissolutions d’escadrons intervenant entre 1992 et 1994, les premiers « dividendes » de la Chute du Mur. En réalité, la détente Est-Ouest se traduisit concrètement par des détachements incessants de Mirage F-1CT tout au long des crises balkaniques. Puis, les crises ouest-asiatiques et africaines réclamèrent sans cesse l’intervention des F-1CT, jusqu’à l’opération Serval de 2013.
C’est le 1/13 Artois, basé à Meyenheim, qui fut le premier opérationnel sur F-1CT, commençant sa transformation en avril 1992, à Mont-de-Marsan. A peine opérationnel, le 1/13 assura la transformation du 3/13 Auvergne, sur la BA 132 à compter de novembre 1992. Dix mois plus tard, le 1/13 Artois fut dissous : les escadrilles SPA 83 et SPA 100 disparaissaient des dérives des F-1.
Si l’existence des F-1 de l’Artois fut brève, celle des F-1CT du 3/13 Auvergne est fulgurante : un premier avion se posa à Meyenheim le 23 avril 1993, et le 3/13 fut dissous le 1er août 1993. Suite à un jeu à l’australienne, le 3/13 Auvergne devint le 3/13 Alsace (!) et le 1/13 Artois se transforma en 1/13 Normandie-Niémen (!!).
Néanmoins, tout ce remue-ménage n’empêchait pas le F-1CT de faire son office dans les cieux de Bosnie. Désormais, deux escadrons FAFL volaient en Alsace sur F-1CT.
Le Normandie-Niémen fut dissous en tant que 2/30 le 1er août 1993, laissant ses F-1C sur la base champenoise, et recréé le même jour en tant que 1/13, sur la BA 132.
La vie de l’escadron suivit son cours guerrier pendant plus de quinze années, avec « juste » deux changements d’étiquette : le premier, le 23 juin 1995, lorsque l’escadron reprit son ancien nom de 2/30, et le second, le 29 juin 2008, lorsque le Normandie-Niémen devint Régiment de Chasse 1/30. C’était peu avant sa mise en sommeil, le 3 juillet 2009.
Héritant des F-1CT du 1/13 Artois, le 3/13 Alsace conserva sa numérotation jusqu’au 23 juin 1995, date à laquelle il devint l’escadron de chasse 1/30.
D’abord escadron 100% opérationnel, le 1/30 récupéra la mission de transformation sur F-1, à la fin du 3/33 Lorraine en août 2005, en même temps qu’une poignée de F-1B.
Mais le reflux des budgets militaires s’amplifiant, le 1/30 Alsace fut mis en sommeil le 29 juin 2008, avec une diminution simultanée de la flotte de Mirage F-1CT.
Autre escadron équipé brièvement de F-1CT, le 3/30 Lorraine toucha des avions en août 2003, après le départ des F-1C. Le Lorraine sur F-1CT vécut deux ans, sur la BA 112, avant d’être mis en sommeil, ses F-1CT et B étant déplacés vers Colmar.
Lorsque la base aérienne 132 perdit son activité aéronautique en juillet 2009, la flotte de Mirage F-1CT fut basée sur Reims-Bétheny, aux côtés de la flotte de F-1CR et de F-1B.
Les CT furent alors repris par les ER 1/33 et 2/33, mais on ne vit voler que des avions portant les couleurs des escadrilles du Savoie.
Les derniers F-1CT du 2/33 accompagnèrent le Savoie lors de son déménagement vers Mont-de-Marsan, à l’été 2011. Le dernier détachement africain du F-1CT se fit donc sous les auspices de l’escadron de reconnaissance 2/33, avec un retour définitif en … 2012.
A partir du 16 octobre 2012, c’est l’aérodrome de Châteaudun qui abrita les derniers F-1CT de l’Armée de l’Air, ceux-ci étant peu à peu rejoints dans leur retraite par les F-1CR.
On peut affirmer que ceux qui lancèrent le programme F-1CT en 1988 furent bien inspirés : cet avion fut le bon compromis entre performance et rusticité. Le bon choix dans un ensemble de conflits où une présence aérienne armée était nécessaire, sans toutefois nécessiter l’emploi de très hautes technologies.
Remerciements: A Jean-François Lipka pour ses magnifiques vues air-air, à Michel J. pour ses oiseaux de Colmar.
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