Aujourd’hui comme hier, la mission des deux escadrons de Cazaux est de donner aux pilotes fraîchement macaronnés de l’Ecole de Chasse (ou encore Groupement Ecole 314, de Tours) une formation initiale de pilote de combat. De nos jours, le pilote en instruction vole sur le même avion biplace, le Dassault-Dornier Alphajet, tout au long de sa spécialisation « Chasse » à Tours et à Cazaux. Mais jusqu’en 1982, année où les Gadgets ont investi la base aérienne 120, le jeune pilote arrivait à la 8ème Escadre avec en ligne de mire son premier lâché sur monoplace de chasse !
En effet, le Mystère IVA était un véritable chasseur, même si durant la dernière décennie de son utilisation il méritait aussi le qualificatif de ‘vénérable’. C’est en 1973 en effet que le Mystère IV avait été rayé des effectifs des avions de ‘première ligne’, époque à laquelle, on s’en souvient, il avait été supplanté à la 7ème Escadre de Chasse par le SEPECAT Jaguar, équipant les escadrons 1/7 Provence (septembre 1973), 3/7 Languedoc (printemps 1974), puis le 2/7 Argonne (qui n’a pas volé sur le Mystère).
En fait, le Mystère IVA avait connu ses heures de gloire non pas au service de l’Armée de l’Air, où pourtant il équipa les 2ème (1956-1961), 5ème (1957-58), 10ème (1957-58) et 12ème (1955-1959) escadres (outre la 7 et la 8 déjà citées), mais en Inde et en Israël. Ces deux pays ont respectivement utilisé 110 et 60 exemplaires du premier chasseur supersonique (en piqué) de chez Dassault, lors des conflits qui les opposèrent à leurs voisins. En 1956 d’ailleurs, des avions de la Deux furent prêtés à la Heyl Ha’avir de l’état hébreu.
Donc à partir de 1975, les EC 1/8 Saintonge et 2/8 Nice restèrent les uniques unités à voler sur Mystère IV, après le retrait du monoplace d’un escadron du GE 314, le 5ème, et d’une escadrille du GE 312. Notons que dans ces deux unités-école, le Mystère avait été utilisé de 1962 à 1974 au bénéfice des moniteurs (à Tours, les élèves bénéficiait aussi du monoplace) ; on y trouvait d’ailleurs des avions équipés du réacteur Tay, moins puissant que le réacteur Verdon.
Il faut aussi rappeler que la 8ème Escadre de Chasse fut équipée du fringant Mystère IV à deux reprises, puisque l’ancienne Huit basée à Rabat Salé avait touché ces chasseurs dès 1959, avec ses deux escadrons constitutifs, les 1/8 Maghreb et 2/8 Languedoc. Le Maghreb fut bientôt dissous, et le 1/8 recréé en tant que 1/8 Saintonge un an plus tard, puis à nouveau dissous.
La seconde tentative fut la bonne puisque la nouvelle 8ème escadre avec ses deux escadrons ‘habituels’ utilisa le Mystère IV à Cazaux de 1964 à 1982, année qui vit d’abord le 1/8 Saintonge se rééquiper en Alphajet, suivi en fin d’année par le 2/8 Nice. A noter que le 1/8 est constitué de 2 escadrilles dont l’origine est navale, la 3C2 et la 4C1, alors que le 2/8 arbore plus classiquement les insignes des escadrilles SPA 73 (Cigogne) et SPA 78 (Panthère noire), auxquelles est venue s’ajouter bien plus tard la 11ème escadrille belge.
Dans les années 70, le jeune pilote de chasse inscrivait donc sur son carnet un nombre respectable de vols sur pas moins de trois jets : le Fouga Magister, le Lockheed T-33 et le Mystère IV. A son arrivée en transformation sur Mirage III, 5 ou F-1, ou encore sur Jaguar, l’expérience acquise sur ces avions très différents l’aidait certainement à affronter les nouvelles difficultés qui se présentaient à lui.
De nos jours, les escadrons de transition opérationnelle ETO 1/8 et 2/8 accueillent annuellement environ 80 stagiaires, pour une centaine d’heures de vol sur Alphajet. Même si nombre de vols se font en solo, le frisson du lâché sur monoplace est remis à plus tard. Et le jeune pilote peut presque oublier l’absence de son instructeur en place arrière lors du moment fatidique !
Les Alphajet ont repris haut la main cette mission primordiale. Mystère IVA et Alphajet depuis 1964 : la suite s’écrira au son des turbo-propulseurs …
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