Le général de Gaulle propose en décembre 1941, l’envoi d’une escadrille de chasse française en URSS, afin de venir en aide à l’armée soviétique. Début 1942, Français et Soviétiques s’accordent sur l’envoi de cette escadrille, et les 12 premiers volontaires quittent Londres le 17 août. Le groupe de chasse n°3 Normandie est formellement créé le 1er septembre 1942 à Rayak (Syrie) sous le commandement du commandant Pouliquen. Il s’ensuit l’arrivée de nombreux volontaires, pilotes et mécaniciens, puis un long voyage en train et en avion qui les mène à Bakou en URSS via Téhéran (Iran).
L’entraînement à Ivanovo sur Yak 7, en décembre 1942, est suivi de la prise du commandement par le commandant Tulasne le 22 février 1943. Puis le départ pour le front a lieu le 22 mars avec une dotation en Yak-1 (c’est l’avion qu’ont choisi les Français), et sous les ordres du commandement soviétique. Le groupe est composé d’une escadrille : la « Rouen ». La première victoire aérienne d’une longue série intervient le 5 avril ; il s’agit d’un Focke-Wulf 190 abattu par Preziosi et Durand. La campagne de 1943 suit son cours, au rythme des victoires et des pertes. En mai 1943, le maréchal Keitel, chef de l’état-major allemand, signe un ordre stipulant que tout pilote du Normandie fait prisonnier doit être fusillé. Avec les renforts, le Normandie devient un groupe avec deux escadrilles, la 2ème escadrille étant la « Le Havre ». Le 17 juillet, le commandant Tulasne est porté disparu en combat aérien ; le commandant Pouyade prend le commandement. Le 3 août, le GC 3 Normandie reçoit ses premières décorations soviétiques, c’est aussi à cette époque que le GC 3 remplace ses Yak-1 par des Yak-9 (plus rapide, armement plus puissant). Le 22 septembre, le groupe revendique 9 victoires en combat contre zéro perte. Le 11 octobre, le Normandie est fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle. Enfin, le 6 novembre 1943, le groupe, qui compte alors 72 victoires, se replie à Toula pour l’hiver avec ses 6 pilotes survivants.
Au début de l’année 1944, le groupe devient régiment et gagne une troisième escadrille en février (Cherbourg), puis une quatrième (Caen). Après l’entraînement à Toula, c’est le début de la seconde campagne, à travers la Biélorussie, puis la Prusse orientale. La campagne de 1944 est marquée par de nombreuses victoires et pertes. Staline remet au GC 3 le titre de « Niémen » en raison de sa contribution à la bataille capitale pour le franchissement de cette rivière (28 novembre 1944). Le 27 juin 1944, le Normandie-Niémen parvient à abattre 7 avions allemands en déplorant la perte de deux des siens. Au cours du mois d’août, le Yak-3 fait son apparition au Régiment GC 3 : plus rapide, plus léger, il surclasse les FW-190 et Bf-109 G-2. Le 16 octobre, pour le début de l’offensive de Prusse orientale, le GC 3 abat 29 avions ennemis dans la journée sans subir de pertes (fait quasiment unique dans les annales). En novembre 1944, les français se posent pour la première fois sur le sol allemand. La fin de l’année 1944 est marquée par la permission du commandant Pouyade qui rentre en France, puis par le retour en France des « anciens » du régiment.
La troisième campagne commence alors pour le Normandie-Niémen, toujours avec la version Yak-3 du chasseur russe. Cette campagne est centrée sur Königsberg, ville-forteresse que les Allemands défendent âprement malgré l’avancée soviétique vers Berlin. Henry obtient la dernière victoire du régiment le 12 avril, en abattant un Focke-Wulf, c’est son cinquième combat victorieux ; mais il succombe le soir même à un bombardement du terrain. Le combat s’achève le 9 mai 1945 avec la fête de la Victoire à Heiligenbeil en Prusse-Orientale. Le 1er juin, le maréchal Staline offre à la France les 40 Yak du régiment, en reconnaissance du courage démontré par les Français, et comme symbole d’amitié entre les deux pays. Enfin, le 20 juin, le régiment arrive au Bourget où l’accueil populaire est triomphal.
Le Normandie-Niémen totalise 273 victoires homologuées, dont 206 contre des avions de chasse, rendues possibles par le sacrifice de 31 pilotes (sur 100 engagés), sans compter les pertes au sol, notamment parmi les mécaniciens qui furent en majorité soviétiques. L’épopée aura duré deux ans et demi, avec 5240 missions, 4354 heures en missions de guerre et 869 combats contre les Allemands. Peut-être un ‘simple élément’ au milieu de l’immense effort de guerre soviétique sur le front de l’Est, mais à la portée symbolique immense pour les deux pays.
Parmi les formations aéronautiques FAFL qui s’enorgueillissent d’un parcours glorieux, l’aventure du Normandie-Niémen est exceptionnelle. C’est pour cela que le souvenir de cette épopée est resté vivace : même pendant la guerre froide, l’Union soviétique et la France en ont célébré la mémoire. Pilotes et mécaniciens ont disparu les uns après les autres, alors que le Neu-Neu fête son soixante-quinzième anniversaire. Mais, le Régiment de Chasse 2/30 Normandie-Niémen tient une belle place dans l’Histoire.
Ouvrages recommandés:
L’épopée du Normandie-Niémen. Roland de la Poype, avec J.-C. Stasi, Perrin. 237 pages.
Normandie-Niémen: un temps pour la guerre. Yves Courrières, Presses de la Cité, 1979. 412 pages.
Régiment de chasse Normandie-Niémen. Alain Vezin, ETAI, 2009. 208 pages.