L’histoire de la 92ème escadre de bombardement est intimement liée à celle des SNCASO SO-4050 Vautour, puisque l’unité fut quasiment la seule utilisatrice des Vautour IIA (au tout début) et IIB, et qu’à partir de 1973-74 elle accueillit une partie des IIN survivants de la 30ème escadre de chasse tous-temps.
La 92ème escadre est née 92ème brigade de bombardement, prenant la suite du Centre d’Instruction du Bombardement, à Cognac le 1er janvier 1957. En juin 1957 on lui attribua deux escadrons: le premier sera le I/92 Bourgogne, formé en mars 1958, et reprenant les escadrilles BR 35 et BR 7. Il sera suivi fin-1958 par le II/92 Aquitaine, lequel reprendra les traditions du I/25 Tunisie, avec l’escadrille 4B3 et l’escadrille 2.GBI/25.
La 92 déménage vers Mérignac en 1961. Le 1er mai 1964, la 92ème brigade devient 92ème escadre, conservant les mêmes escadrons, le 1/92 et le 2/92, auquel s’ajoutait le CIFAS 328.
A cette époque, le 1/92 Bourgogne et le 2/92 Aquitaine n’utilisent plus que le Vautour IIB et oeuvrent en partie au profit de la formation des équipages de Mirage IVA. Certains équipages feront un peu plus tard le voyage vers la Polynésie, pour voler à bord des Vautour IIN de l’escadron de marche 85 Loire.
Le 1er septembre 1974 voit la dissolution des deux escadrons, mais la 92ème escadre de bombardement demeure, avec ses incomparables Vautour. C’est à cette époque qu’apparaissent à Mérignac les Vautour IIN -a priori six avions- en provenance de Reims (30ème escadre de chasse), base convertie au Mirage F-1.
La configuration du gros chasseur, en tandem avec un navigateur et un pilote, convenait bien aux équipages des FAS.
C’est en août 1977 que nous avons visité la 92 : à cette époque, le tarmac des Vautour jouxtait le parking de l’aéroport, sur la terrasse duquel on pouvait passer des journées entières.
Les « vieux » Vautour (mais ils avaient à peine 20 ans !) n’étaient pas les seules attractions du lieu, mais c’est bien eux qui nous avaient amenés là depuis notre lointaine Lorraine.
C’est en effet à Metz-Frescaty que nous avions fait connaissance avec ce très beau bombardier, lors des détachements « guerre électronique » de l’escadre (seuls les Vautour IIB étaient équipés pour cette mission).
Il ne me revient pas de détail de cette visite, mais nous fûmes fort bien accueillis par les équipages des Vautour: à cette époque les voyageurs photographes d’avions n’étaient pas légion. L’activité aérienne de la 92 était plutôt soutenue en ce mois d’août 1977.
Alors qu’à cette époque des centaines de Mirage et de Jaguar grondaient chaque jour dans les cieux français, la vision du biréacteur aux lignes classiques avait quelque chose d’anachronique. Un séjour à Mérignac pouvait d’ailleurs réserver d’autres surprises du même tonneau.
La 92ème escadre fut dissoute l’année suivante, le 22 septembre 1978. Quelques Vautour IIB lui survécurent plus d’une année, assumant des missions de service, telles que le remorquage de cibles à Cazaux.
Mais l’immatriculation en 92-Bx avait disparu, mettant un terme visible à cette escadre de bombardement pas comme les autres.
Quarante-six années après, une poignée de Kodachrome et un écusson en métal viennent matérialiser ces souvenirs d’une autre époque.
Aujourd’hui, les traditions de la 92 subsistent, avec l’escadron de transformation Rafale 2/92 Aquitaine, et le plus discret et très utile Centre Militaire d’Observation Satellitaire (CMOS 348), basé à Creil, et devenu 1/92 Bourgogne !
On y voit désormais les choses de beaucoup plus haut (et avec plus de confort) que le navigateur-bombardier de feu les Vautour IIB.
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