Lors de son allocution, le CC Barbe a rappelé que la 31F a été la première des trois flottilles d’hélicoptères créées au moment de la guerre d’Algérie, dès le 1er août 1956. Engagée au plus près des zones de combat elle a payé un lourd tribut lors de ce conflit: ainsi, un H-21C a été abattu le 25 janvier 1957 lors d’une EVASAN, trois membres de l’équipage de l’hélicoptère étant tués. Un autre hélicoptère est détruit le 3 avril 1957, sans victime. De 1956 à 1960, ce sont 11000 heures de vol dont 9000 en zone opérationnelle qui sont accomplies, les aéronefs de la 31F étant touchés à 14 reprises par le feu de l’adversaire. Trois appareils seront détruits lors du conflit.
Au début de 1960, la flottille touche ses premiers Sikorsky HSS avec lesquels elle continue ses missions au sein du GHAN 1; elle subit encore une lourde perte lors du crash du 31F-6, sous le feu de l’ennemi, qui entraîne la mort de tout l’équipage (4 personnes). Elle est affectée à Saint-Mandrier le 1er septembre 1961, achevant ainsi 5 années en Algérie, avec 17 000 heures de vol à la clef. Dès lors, la 31F change de mission et devient une unité de combat anti-sous-marin, le HSS étant équipé d’un sonar et de torpilles (et de grenades ASM). Au bout de six mois, la flottille est opérationnelle dans sa nouvelle mission, étant déployée sur les porte-avions Arromanches et Clémenceau. Sa carrière opérationnelle est marquée par des déploiements en Polynésie, au service du Centre d’Expérimentation du Pacifique, de 1966 à 1968.
Les HSS sont ensuite équipés de nouveaux sonars plus modernes, permettant au légendaire Sikorsky de rester performant jusqu’à la fin de sa carrière, le 22 juin 1979. Dès le 5 décembre 1978, les nouveaux WG-13 Lynx font leur apparition à la 31F: l’hélicoptère anglo-français est clairement conçu pour la lutte ASM et le combat anti-navires. Les 100 000 heures de vol de la flottille sont fêtées le 21 juin 1983. Un accident au large du Liban endeuille la flottille le 29 novembre 1983.
Le fonctionnement de la flottille a changé avec l’organisation de détachements systématiques à bord des frégates, comprenant d’abord deux hélicoptères, puis à partir de 1998 un seul appareil, uniquement à bord des frégates ASM. La flottille conserve un important échelon fixe à terre, elle compte jusqu’à 14 Lynx. L’année 1999 est malheureusement marquée par deux accidents mortels, le 30 octobre et le 28 décembre.
A partir des années 90, le spectre des missions de la 31F augmente à nouveau, tout en restant orienté sur le combat en mer. La flottille participe à l’action des forces françaises durant les différentes opérations internationales post-11 septembre. En 2003, la 31F quitte la base de St-Mandrier, sur le point de fermer, et rejoint les 35F et 36F à Hyères où, en juin 2006, elle célèbre avec faste son cinquantenaire.
Enfin, le 25 juin 2010, elle est mise en sommeil, ses derniers Lynx rejoignant la flottille 34F, momentanément la seule spécialiste ASM parmi les flottilles d’hélicoptères. La 31F porte à son actif 154 000 heures de vol et déplore la mort de 12 personnes en service aérien commandé. Mais une partie de son personnel rejoint le CEPA 10S pour préparer l’arrivé imminente du nouvel hélicoptère de la Marine, le NH 90 « Caïman ».
Prenant le commandement de la 31F, le capitaine de corvette Frédéric Barbe a rappelé l’intense travail avec le CEPA tout en insistant sur les tâches à venir dans les prochaines années. En effet, avec un effectif encore limité et trois hélicoptères en dotation, la flottille assure trois missions prioritaires:
– mener à bien le sauvetage en mer sur la façade méditerranéenne,
– soutenir les expérimentations du CEPA,
– acquérir une première capacité ASM, dès la fin d’année 2012.
A ces missions, on ajoute la formation des équipages sur Caïman, au bénéfice des deux flottilles opérationnelles sur le type.
A court terme, la flottille devra aussi fournir des détachements d’hélicoptères aux frégates ASM, bien que la capacité d’accueil ne soit pas encore complète, les hangars de dimension adaptée étant prévus sur les frégates de la classe « Aquitaine » (programme FREMM).
On voit que les deux prochaines années seront extrêmement actives, d’autant que la dotation de la flottille en hélicoptères restera sous contrainte: les livraisons de Caïman à la Marine en 2013 (4 machines au « standard 2 ») ne seront répercutées au niveau de la 31F qu’à partir de 2014.
A terme, l’Aéronautique Navale mettra en ligne 21 Caïman, six machines demeurant en volant de fonctionnement: il est prévu que 12 hélicoptères soient affectés à la 31F, et 9 à la 33F, la flottille de Hyères assurant la formation des équipages.
Le NH 90 a d’ores et déjà prouvé sa valeur durant des opérations de sauvetage en Atlantique, et les expérimentations opérationnelles confirment que l’hélicoptère forme avec les frégates ASM un duo redoutable pour les sous-marins intrus. Ce couple potentiellement létal donnera sa pleine mesure avec la mise en service opérationnel des nouvelles frégates, à partir de 2013. En effet, le nouveau système de combat intègre complètement les deux plateformes, les équipages des hélicoptères bénéficiant des informations tactiques collectées par la frégate, et vice versa.
Le détachement Caïman à bord des FASM compte une quinzaine de personnes dont au moins 8 techniciens et 5 volants, l’équipage minimal à bord de l’hélicoptère comprenant un pilote, un coordinateur tactique (en place droite) et 1 opérateur « senseurs ».
En opération ASM, les senseurs du Caïman comprennent le radar, les bouées acoustiques et le sonar « Flash ». Ce dernier a la caractéristique de pouvoir être immergé à très grande profondeur, réduisant d’autant les chances d’un sous-marin de demeurer indétecté, même à longue distance. Combiné au nouveau sonar à immersion variable des frégates (le 4249), le Caïman et son sonar Flash procurent à la Marine un avantage décisif dans la lutte anti-sous-marine.
On sait que le sous-marin, arme de nos jours proliférante, est par excellence un atout décisif pour le « faible » dans les conflits dissymétriques, le « fort » se devant d’avoir une longueur d’avance s’il ne veut pas être mis en position de vulnérabilité lors d’une confrontation. Gageons que la flottille 31F sera une des garantes du succès de futures opérations françaises dans les zones où notre politique souveraine devra être défendue.
Une histoire détaillée de la flottille 31F.
Remerciements: à l’Officier de communication de la Force, Etat-Major de l’Aéronautique Navale, à l’Officier des Relations Publiques de la BAN d’Hyères et à la flottille 31F, pour leur invitation et leur accueil.
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