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A400 et C-130J en action en BSS

Largage en section aux trois frontières

En ce printemps 2021, le GTD Bison (Groupement Tactique Désert), dont la mission est de progresser et de sécuriser une zone proche des trois frontières (Mali, Niger, Burkina), est à l’arrêt. Les besoins logistiques pour une colonne de cette taille sont conséquents, et les distances à couvrir dans cette zone de l’opération Barkhane sont immenses. Pour les ravitailler, les solutions sont multiples, mais la seule qui soit assez réactive et rapide pour permettre à ce GTD de poursuivre sa mission en temps et en heure est la livraison par air.

Avec la disparition du Transall, les C-130 seront les compléments tactiques de l’A400 dès qu’il faudra du volume

Et cela tombe bien, car un A400M apte au largage matériel par gravité vient d’arriver d’Orléans pour une semaine de déploiement à Niamey, où il rejoint le C130J qui s’y trouve en permanence. Sous le commandement du JFAC AFCO, les deux équipages préparent le largage dès l’arrivée de l’A400 au Niger. Le C-130J sera leader, ayant eu le temps de préparer l’itinéraire et de coordonner l’opération avec les différents intervenants, et possédant la qualification équipage EL (Element Leader), et l’A400M sera ailier.

Le plot A400 est tenu en permanence en BSS

Sur ces prémices, l’ensemble des intervenants se coordonne pour monter le largage : le RTP achève de préparer les charges et les parachutes, avant de les charger dans les deux aéronefs et de venir au contact des pilotes pour la RAT (Réunion Air-Terre) qui définira les paramètres exacts du largage, qui varient selon le nombre de charges, leur masse, le type de parachutes et bien évidemment l’aérologie du jour. Pour le lendemain, elles consisteront en 9 palettes de pétrole pour un total de 18 tonnes pour l’A400, et 8 palettes techniques variées d’un total de 19 tonnes pour le C-130J.

Le volume de la soute, un des gros atouts de l’A400, avec sa vitesse et son allonge

Les loadmasters et l’équipe du RTP préparent ensuite la soute des avions pour le largage, où tout doit être positionné et réglé très précisément pour assurer la précision : à la vitesse de largage de 130kt, soit environ 240 km/h, 5 secondes de perdues dans l’avion feraient que les charges tomberont 350m plus loin que prévu.

La sophistication des instruments de navigation participe à la précision des largages en zone de conflit

Quant à la zone de largage, elle est bornée par la position du GTD et définie par le JTAC (contrôleur au sol) qui l’accompagne. Elle doit être rectiligne, balisée sommairement et vierge de tout obstacle élevé, car le largage aura lieu à 500ft, et parvient aux équipages par le biais de l’état-major opérationnel de Barkhane. Ses dimensions pour ce largage seront proches du standard. Au vu de la situation et de la menace en BSS, qui est essentiellement sol-air (armes de petit calibre et artillerie sol-air légère) le mode d’action est décidé par les équipages : ce sera un largage TBA, en un passage en formation pour minimiser le temps d’exposition total des aéronefs.

Belles conditions de visibilité pour cette mission printanière en BSS

Le lendemain matin à 8h locales, les équipages recalent les derniers paramètres météo, comparent leurs calculs de distances, et embarquent afin d’effectuer un radio check, car la liaison radio au sein de la patrouille sera essentielle pour la réussite de la mission. Puis vient la mise en route, et le décollage, qui s’effectue à 15 minutes d’intervalle, avec une rejointe en l’air avant le largage : le C-130J lourdement chargé croise à 210kts, tandis que l’A400 assure aisément les 290kts indiqués.

Le vol de transit vers la drop zone (éloignée) se fait en altitude

Une fois arrivés au point de rendez-vous, les deux avions prennent leur formation en échelon, et descendent en TTBA afin de gagner en discrétion, et entament la partie finale de leur navigation vers la zone de largage. Peu après, le contact avec le JTAC est établi et le GO pour le largage est donné. Les avions se mettent en formation, s’axent sur la drop zone, et ralentissent afin de se configurer pour largage. Les phases s’enchainent avec fluidité, sortie des volets, ouvertures des portes et rampes, et enfin prise de l’assiette de largage.

Le travail ‘en section’ fait partie de la panoplie du COTAM quand il faut larguer beaucoup et vite

Le fumigène indiquant l’entrée de la zone aperçu et survolé, le vert est donné et le largage commence : en l’espace de 30 secondes, les deux aéronefs tactiques larguent plus de 35 tonnes de pétrole, vivres et matériels essentiels à la poursuite de la mission du GTD. Grâce à la modernité et à la précision de leurs systèmes de navigation, la patrouille a commencé son largage à la seconde près par rapport à l’heure prévue de largage, et l’ensemble des charges est tombé sur zone avec une grande précision. Tandis que les soutes se referment et que les avions ré-accélèrent en redescendant en TTBA pour quitter la zone, les hommes du GTD entament la récupération des charges, qui durera plusieurs heures.

Une rejointe très opérationnelle : deux ‘tontons flingueurs’ rassemblent sur les transporteurs en fin de mission

Après quelques minutes de vol en basse altitude, la patrouille remonte et rejoint des niveaux ou la menace air-sol est inexistante ; elle est alors rejointe par une patrouille mixte de Mirage 2000 C et D qui assurait une permanence aérienne dans un secteur proche à ce moment-là, ce qui donne lieu à quelques entrainements de changements de position en formation et à quelques photos, pour le plus grand plaisir de tous. Le plaisir de la mission réussie se combine au bonheur que seule peut apporter la belle aéronautique pour ceux qui la pratiquent.

Mirage 2000C et D sont les dents de l’AA en BSS, avec les drones Reaper block5

Puis c’est l’heure du retour sur Niamey en formation, et le débriefing à distance ; l’absence de la sacramentelle bière pour cause de respect des gestes barrière anti-covid ne gâchera pas trop les souvenirs que viennent de se créer les membres d’équipage. Demain, une nouvelle mission les attend, qui les amènera sur une piste sommaire ou à transporter un hélicoptère de combat, selon les besoins sans cesse renouvelés du théâtre. Leur entrainement et leur outil de travail, l’A400M qui devient multirôle, leur permettront d’être à la hauteur de la réputation du transport aérien militaire.

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