Le 25 février 2009, un avion historique tirait sa révérence en effectuant son dernier vol officiel au sein de la flottille 28F de Nîmes-Garons: le Nord 262.
Ni hurlant ni fumant, le ‘2-6-2’ était simplement un joli bimoteur ‘made in France’, dessiné à la main par des artistes-ingénieurs, bien utile, robuste et très attachant.
Sa disparition du ciel annonçait également le début de la fin pour la plus grande base aéronavale du sud de la France. Cet anniversaire est ainsi l’occasion de saluer également feu la BAN de Nîmes-Garons.
C’est en 1958 que la décision fut prise d’implanter une base aéronavale sur le plateau de Garons au sud de Nîmes, il fallait en effet trouver un point d’accueil pour les formations aéronavales stationnées à Oran (Algérie) et Agadir (Maroc), et disposer d’une grande base d’aviation de patrouille maritime sur la façade méditerranéenne. Inaugurée le 24 octobre 1961, la BAN de Nîmes-Garons va recevoir en trois ans toutes ses formations aériennes.
Attaque et guet aérien : la 6F
En octobre 1961, la 6F fut la première flottille à arriver à Garons, en provenance de Hyères, avec ses Breguet 1050 Alizé.
Et 39 années plus tard, la 6F sera la dernière flottille à voler sur le monomoteur, modernisé entre temps, avant sa dissolution le 15 septembre 2000.
Patrouille maritime: les 21F et 22F
Les 21F et 22F arrivèrent en provenance de la BAN Lartigue (Oran) en 1963, avec leurs Lockheed P2V-6 Neptune. La 21F reçut des Breguet 1150 Atlantic en novembre 1965.
La 22F quant à elle, les toucha un an plus tard. Les deux flottilles furent réunies au sein du GAN 6, qui sera dissous le 30 septembre 1969.
La 21F accueillit les Atlantique de nouvelle génération en novembre 1993. Elle vole toujours sur cet avion qui bénéficie actuellement d’une modernisation en profondeur.
Quant à la flottille 22F, elle conserva ses Atlantic jusqu’à sa dissolution le 1er octobre 1996.
Tout au long de sa vie opérationnelle à Nîmes-Garons, la 21F effectua l’ensemble du spectre des missions dévolues au ‘couteau suisse’ de chez Dassault-Breguet: patrouille anti-sous-marine et lutte-anti-surface, bien sûr, mais aussi recherche et sauvetage en mer.
Sans oublier les détachements SurMar en Afrique de l’Ouest, les missions de PC aérien, ou les missions plus discrètes de renseignement électronique. La 21F et la 23F sont des flottilles au spectre opérationnel identique, même si leurs localisations géographiques ont longtemps été différentes.
Aussi, un peu avant la fermeture de la BAN, la grande base de Lann-Bihoué a accueilli sans problème majeur la flottille 21F et ses Atlantique, laissant cependant à Garons des installations assez modernes.
Formation et surveillance: la 56S puis la 28F
L’escadrille 56S/ Ecole du Personnel Volant et Radariste s’implanta en avril 1964, en provenance de Lann-Bihoué, avec des Beech JRB-4 (et d’autres avions ?).
Changeant de dénomination pour devenir EPV/56S, elle vola longtemps sur Dakota (et Piper Navajo) avant de toucher des Nord 262 Frégate, en remplacement des C-47, en 1984.
Au cours de l’été 2002, l’escadrille 56S fut dissoute, ses moyens étant fusionnés avec ceux de la flottille 28F qui débarquait de la BAN Hyères, avec ses Nord 262E Frégate et EMB-121 Xingu.
La 28F avait en effet été recréée le 31 mars 2000 sur la BAN d’Hyères, avec des Nord 262 et des Xingu. Notons qu’elle avait brièvement connu Nîmes, de retour d’Algérie, entre septembre 1962 et avril 1963, étant alors équipée de P2V-6.
A la fin de 2008, la Marine décida de hâter le retrait du service de ses Nord 262E, pour des raisons d’économie. Lors de notre visite en février 2009, les Nord avaient encore le plus bel aspect, semblant promis à de nombreuses heures de vol.
Leur départ laissait un vide. Les Nord servaient en effet à l’entrainement des élèves de l’Ecole du Personnel Volant : mécaniciens, détecteurs, navigateurs, radios, ainsi que les jeunes pilotes.
La conception du Nord 262E Frégate autorisait des missions variées: outre le support à l’EPV, la 28F oeuvrait dans la lutte contre le narcotrafic, l’immigration clandestine, la pollution, ainsi qu’en soutien à des opérations de sauvetage en mer.
C’est sous le commandement du CC Luc Diebold que la 28F effectua ses dernières missions sur 262. Le dernier vol officiel eut lieu le 25 février 2009, à Nîmes-Garons. Mais quelques vols de convoyage eurent lieu peu après.
Dorénavant armée du seul bimoteur brésilien, la flottille 28F ‘Xingu’ rejoignit Lorient en juillet 2010 pour un nouveau chapitre de sa vie tumultueuse.
Accueil de détachements de la chasse embarquée
La BAN voyait assez fréquemment des détachements des flottilles de chasse embarquée, notamment en hiver, ou pour des campagnes d’ASSP (appontages simulés sur piste).
Les ASSP ‘méditerranéens’ ont depuis été relocalisés à Istres, ce qui a nécessité des aménagements de la base aérienne 125, avec la mise en place du système optique et des éclairages conformes à ceux du porte-avions.
Hormis ces mouvements franco-français, la BAN accueillait aussi régulièrement des détachements d’avions étrangers, sa piste et ses installations étant aux normes OTAN.
2011: fermeture la BAN
Le Premier ministre avait présenté le 24 juillet 2008 une nouvelle organisation territoriale de la Défense. Parmi les mesures de restructuration/réduction, la fermeture de la base d’aéronautique navale de Nîmes-Garons fut annoncée.
La cérémonie officielle de dissolution de la BAN eut lieu le 1er juillet 2011, le capitaine de vaisseau Lionel Mathieu, étant le dernier commandant de la base.
Remerciements: A Véronique, toujours bienveillante et dynamique pour accompagner mes visites à la BAN de Garons; au CV Olivier de Buretel de Chassey et au CV Pierre Canal, commandants la BAN de 2008 à 2010, qui autorisèrent mes reportages photos.