La 24F est actuellement la seule flottille métropolitaine de la Marine dédiée à la recherche et au sauvetage loin des côtes. Grâce à ses Falcon 50, elle est en mesure d’intervenir jusqu’à 1000 milles nautiques de sa base, contrairement aux hélicoptères Dauphin SP ou aux deux EC 725 qui sont limités en rayon d’action.
Par rapport aux « Atlantique » des deux flottilles de patrouille maritime, les Falcon 50 ont l’avantage d’intervenir rapidement puisqu’ils peuvent parcourir la distance qui les sépare de leur zone d’intervention à mach 0,85 et en altitude (jusqu’au niveau 420). C’est grâce à cette combinaison de rayon d’action et de vitesse que le Falcon 50 est très adapté aux interventions SAR sur les deux façades maritimes françaises et dans la zone Antilles-Guyane. Pour ce qui est des territoires français du Pacifique, les mêmes missions sont effectuées par la flottille 25F, avec ses Gardian.
La flottille 24F est actuellement armée de 4 Falcon 50 et de 4 Embraer 121 « Xingu ». Ces derniers ne sont pas utilisés pour faire du SAR, il n’est pas impossible qu’ils rejoignent la 28F relocalisée à Lann Bihoué en 2010. En dehors du sauvetage en mer, les équipages exécutent des missions de patrouille maritime non armée: surveillance des pêches, lutte contre les narco-trafiquants. La flottille a eu 2650 heures de vol à son actif en 2009, dont à peu près les trois-quarts en opération, et le reste en entraînement.
Les Falcon 50 de la 24F sont de « première alerte » SAR, ce qui signifie qu’ils doivent pouvoir décoller en moins d’une heure pendant les heures ouvrables (le délai moyen est en fait de 43 minutes) et en moins de 2 heures pendant les heures non ouvrables, y compris le samedi et le dimanche. Un avion et en équipage sont en seconde alerte. La notion de temps est d’une importance primordiale pour les missions de sauvetage en mer, car lorsque des marins tombent à la mer en saison froide on a peu de chance de les retrouver vivants au delà de quelques heures. Le fait que le Falcon 50 transite vers sa zone de recherche en haute altitude représente un bonus important pour les vies humaines. Notons que si l’équipage doit intervenir en Méditerranée, il faut 45 minutes environ pour que le Falcon soit à la verticale de Montpellier, au départ de Lorient.
Lorsque la zone de recherche est atteinte, l’avion a une autonomie de patrouille de quatre heures si le transit a été de 500 nautiques; le temps de recherche se réduit à 1 heure et demie pour une intervention à 1000 nautiques. La recherche est réalisée à une altitude comprise entre 100 et 7000 pieds, et à une vitesse de 150 à 350 noeuds, selon l’objectif de la mission. Pour la recherche, l’équipage compte deux observateurs visuels et peut utiliser le radar « Oceanmaster 100 » dont la portée est de 135 nautiques pour un cargo et de 20 nautiques pour un voilier (par mer de force 2), ainsi qu’une « boule FLIR » rétractable (capteur infra-rouge directionnel). La portée du radar est trois fois plus réduite quand la mer est agitée à forte (force 5). L’équipage peut également utiliser des équipements électroniques pour se guider vers une balise radio de détresse, type Inmarsat: la portée de ce type de balise est d’environ 80 nautiques si l’avion est à une altitude de 10 000 pieds.
Lorsqu’une embarcation en détresse est repérée, ou des hommes à la mer, l’équipage a la possibilité de larguer une chaîne SAR de survie: l’avion en emporte généralement quatre, deux pour 25 personnes et deux pour 15 personnes. L’opération de largage est délicate car elle se fait à travers une trappe ouverte dans le fuselage de l’avion et nécessite l’intervention de deux membres d’équipage. La précision du largage est primordiale: trop loin, la chaîne SAR ne sert à rien, mais si elle tombe sur les naufragés elle peut provoquer de graves dommages. Après la première détection visuelle, l’équipage effectue une « oreille » pour confirmer l’objectif, ensuite un deuxième retour est effectué cette fois-ci en larguant des fumigènes exactement toutes les 15 secondes pour « graduer » un axe d’approche, et au 3ème passage sur le même axe, la chaîne SAR est larguée en s’aidant du chronomètre. Il va de soi que la précision du pilotage est un facteur crucial pour la réussite de l’opération. Les équipages s’entraînent pour parvenir à une précision de 30 mètres.
A l’heure actuelle, la flottille compte 16 pilotes qualifiés sur Falcon 50, dont deux femmes, sachant qu’un équipage complet comprend cinq personnes (deux pilotes et trois observateurs-opérateurs des systèmes). Deux Falcon 50 ex-Armée de l’Air seront affectés à la 24F dans un avenir proche, à l’issue de leur chantier de modification. Les modernisations des avions existants touchent principalement les capteurs et l’avionique: intégration d’un système de réception des signaux des balises AIS (Automatic Identification System) en 2010, et d’un système de navigation Spationav en 2011.
L’équipement des bateaux (balises) et des marins sont des facteurs critiques en cas de naufrage et peuvent décupler les chances de sauvetage. Une partie de l’activité de la flottille 24F consiste à informer les professionnels à la problématique du sauvetage en mer: intérêt des « VFI » (vêtements à flottabilité intégrée), et importance même de la couleur de la capuche d’un ciré: ainsi une capuche jaune multiplie la distance de détection visuelle d’une personne par un facteur quatre! La 24F effectue en moyenne un largage de chaîne SAR chaque année, en opération réelle. Tous les marins professionnels ou plaisanciers peuvent compter sur le dévouement et le professionnalisme de la 24F et de ses grands oiseaux blancs.
Remerciements: à Véronique Zopfmann (Service Communication de la BAN de Lann Bihoué), au CC Grivellet, au LV Abadie, au PM Micheller (Flottille 24F).
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