La 36F est née du besoin pour les frégates de la Marine Nationale d’étendre leur zone de protection et d’action: l’avènement de missiles mer-mer d’une portée dépassant largement l’horizon radar d’un navire rendait nécessaire l’hélicoptère de combat embarqué.
En l’absence d’un porte-aéronefs, l’hélicoptère diminue la vulnérabilité des éléments d’une flotte, grâce à son radar et à son rayon d’action, tout en étant compatible avec le pont et le hangar de tous les types de frégate de la Marine.
C’est ainsi que fut constituée la 36ème flottille d’hélicoptères le 22 septembre 1995, à Saint-Mandrier: le Panther, créé sur la base de l’Aérospatiale SA-365 Dauphin, donna son emblème à la flottille. Sa vocation de flottille de lutte anti-surface s’est ensuite déclinée dans de nombreuses missions.
La 36F et ses Panther se sont effet montrés particulièrement versatiles, tout au long des 20 années d’existence de la flottille, en s’adaptant aux directions parfois insoupçonnées prises par la situation géostratégique.
Grâce aux qualités de son hélicoptère, à ses évolutions techniques, et à un entraînement sans faille, la 36F a parfaitement illustré les trois termes de sa devise: ‘Partout, servir et combattre’.
La 36F est présente en permanence sur plusieurs frégates et deux départements outremer: la flottille arme des détachements permanents qui sont chacun constitués d’un Panther et d’une fraction de son personnel technique et navigant (150 personnes à la 36F).
Deux détachements sont présents à La Réunion, et un à La Martinique: ils embarquent sur les frégates légères de surveillance (type Floréal), où ils participent à l’ensemble des missions de défense des intérêts outremer (c’est un détachement 35F qui est présent en Polynésie Française).
Cinq détachements permanents sont basés à Hyères même: ils embarquent sur les autres types de frégate de la Marine, les type Horizon et Cassard (défense aérienne) et les frégates furtives de type La Fayette. Ce sont les Lynx ou les nouveaux Caïman qui arment les détachements sur les frégates anti-sous-marines.
Par conséquent, le terme ‘marin’ n’est pas un vain mot quand il s’agit du personnel de la 36F: la flottille est sans doute l’unité aérienne de la Marine qui rayonne le plus, en permanence, autour du globe.
L’hélicoptère étant pas définition capable de se poser n’importe où, les Panther de la 36F assurent des missions d’action au service du public: évacuations sanitaires, sauvetage (150 personnes secourues en 20 ans), projection d’urgence en cas de catastrophe naturelle.
Une fois à bord d’une frégate de surveillance, les Panther exercent la police des pêche dans l’immense ZEE ultra-marine, pouvant au besoin participer à l’arraisonnement d’un navire en infraction.
Dans le registre de l’action, parfois musclée (tirs de semonce), il y a bien sûr la lutte contre le narco-trafic avec l’intervention contre des go-fast, que ce soit dans l’arc caribéen ou en Méditerranée du sud. Pas moins de 26 tonnes de drogue ont été interceptées par les Panther.
La lutte contre la piraterie appartient, elle, presque au registre du combat, tant les réseaux sont organisés, et parfois connectés à des groupes terroristes, dont certains sont en guerre ouverte avec la civilisation occidentale. La 36F a contribué à l’arrestation de 197 pirates.
Si le combat contre une flotte ennemie constituée n’est pas (encore ?) à porter au palmarès de la 36F, les années récentes ont vu plusieurs actions armées, comme la libération d’otages, par exemple en Somalie.
Aujourd’hui, le Panther standard 2 et son cockpit compatible avec les JVN, ainsi que la boule optronique (FLIR et laser), est un outil parfait pour la dépose de commandos ou de forces spéciales, en mer ou à terre.
L’hélicoptère peut en effet transporter cinq hommes équipés: dépose discrète et nocturne de nageurs de combat, largage tout aussi discret de chuteurs, la 36F s’entraîne dur pour maîtriser toutes ces capacités.
Avec 65000 heures au compteur et des machines jouissant d’une très bonne disponibilité, la 36F est une des flottilles les plus demandées par les jeunes sortant du cours de spécialisation de Lanvéoc.
La 36F est aussi une des unités les plus féminines de l’aéronautique navale: trois pilotes appartiennent au beau sexe et nombre de femmes exercent d’autres spécialités.
La liaison 11 étant un équipement indispensable pour intégrer une unité au sein d’une flotte combattante, la 36F peut maintenant opérer avec ses Panther en échangeant l’ensemble de ses données tactiques avec les navires et les autres aéronefs.
Mais il faudra attendre le standard 3 et ses missiles ANL (anti-navire-léger) pour que la flottille puisse jouir d’une capacité offensive nouvelle, cet engin étant développé conjointement avec les Britanniques.
Ce serait peut-être l’occasion de pousser un peu la motorisation des Panther (2 fois 740 ch actuellement), qui pourrait s’avérer un facteur limitant, dans certaines configurations d’emport et de température.
Gageons que ce standard 3 sera effectif bien avant le trentième anniversaire de la flottille 36F, et ses 100 000 heures de vol …
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Remerciements: au LV Alexandre Busch, officier communication Alavia; à la Flottille 36F et en particulier à son commandant, le CC Xavier Giry; à Sarah Vivier, officier communication à la BAN d’Hyères.