L’Ala de Caza 14 dont la base d’attache est Albacete comprend deux unités volantes: l’Escuadron 141 (Voyous) et l’Escuadron 142 (les Tigres). En février 2012, le 141 est en transformation sur Typhoon à Moron de la Frontera, et tous les Mirage F-1M et -BE restants volent sous l’égide des Tigres.
D’après les informations obtenues sur place, le 141 fera son retour sur la base au mois de mai, avec 8 Eurofighter flambant neufs, et une capacité opérationnelle sur le nouveau chasseur. Ce sera alors au tour du 142 de dépêcher à Moron pilotes et mécaniciens, pour la conversion. L’année 2012 ou le début de 2013 pourrait bien voir les derniers vols du chasseur le plus rapide de l’Ejercito del Aire.
Les F-1 espagnols monoplaces sont actuellement au standard F-1M (modernisés) ayant suivi à la fin des années 90 un chantier important qui leur a permis de rester des chasseurs polyvalents performants jusqu’à nos jours.
Ils sont en quelque sorte équivalents à nos Mirage F-1CT, voire même plus « capables »: commandes HOTAS, compatibilité NVG, centrale inertielle Ulyss 47, radar Cyrano IVM multimode, visualisation tête haute de grande dimension, compatibilité avec le Sidewinder AIM-9J, ensemble de contremesures intégrées, avec lance-leurres. Ils emportent aussi un pod Reco et différents emports spécifiques aux Espagnols. Les F-1M issus des F-1CE ne portent pas la perche de ravitaillement.
Les F-1M ont été convertis a partir de deux types principaux livrés par Dassault: le F-1CE, une adaptation du F-1C français, dont 45 exemplaires furent acquis sous le nom C-14A entre 1975 et 1981, puis le F-1EE, une version multi-rôle exportée par Dassault dans les années 80, 22 exemplaires acquis par l’Espagne (C-14B).
Plusieurs monoplaces (24 ?) furent acquis en seconde main auprès de la France et du Qatar, au début des années 90. Enfin, les désormais rares F-1BE sont les derniers représentants de six exemplaires commandés à l’origine, et similaires aux F-1B français.
A l’heure actuelle, de nombreux F-1 sont stockés sur un parking ouest de la base, sans doute que certains seront ré-exportés, et au moins 3 exemplaires ont fait leur apparition sur des socles en plein air, signe de la retraite très prochaine.
Mais l’activité de l’Escuadron 142 reste soutenue: durant les sessions du TLP, le tableau de vol du 142 concentre l’activité du matin au début de l’après-midi. On peut ainsi apprécier à sa juste valeur le spectacle des vols de ce magnifique chasseur, dont la pureté des lignes sera difficilement dépassée.
Les aficionados du Tiger Meet de Cambrai avaient pu admirer dès 1986 les F-1CE dans leur premier camouflage, en trois tons, très seyant.
A l’égal de l’Armée de l’Air, la force aérienne espagnole apprécie depuis le milieu des années 70 les performances et la versatilité du « chasseur interimaire » de Dassault. Et c’est d’un cheveu que les F-1 ibériques précèderont les Mirage français dans la retraite.
L’Espagne a longtemps apprécié les chasseurs d’outre-Pyrénées, pratiquant le panaché avec les USA pour ses achats d’avions militaires: il n’est pas certain que le choix du Typhoon pour succéder aux F-1 ait été fait dans l’unanimité.
En tout cas, les pilotes de l’Ala 14 sont maintenant assurés de poursuivre leur mission de chasseur. Ce ne sera peut-être pas le cas de leurs collègues de la reco pilotée en France.