Serpentex est un exercice dédié à l’appui aérien de précision. A l’origine, les exercices Serpentaire en Corse étaient destinés à l’entraînement des militaires qui se rendaient en Afghanistan. La session 2013 de Serpentex a eu lieu depuis Solenzara.
Avant d’entrer un peu dans le détail, il est nécessaire de préciser plusieurs points de vocabulaire, sans quoi on ne comprend pas Serpentex. CAS, FAC, JTAC, DACAS, x-AI, SCAR … autant d’acronymes ayant une signification spécifique dans le domaine de l’appui aérien.
Le CAS (Close Air Support) ou appui aérien rapproché signifie l’attaque de positions ennemies proches de troupes amies. Le CAS nécessite une grande précision dans l’attaque, sous peine de causer de graves dommages à ses propres troupes.
Les FAC ou Forward Air Controller (terminologie OTAN) sont des militaires amis qui disposent des moyens pour guider avec précision les attaques des avions. La terminologie est différente pour les Américains, mais la fonction est la même : JTAC pour Joint Terminal Attack Controller.
Le CAS moderne nécessite la présence de FAC : la grande précision permet aussi d’éviter les pertes collatérales, dans les cas de plus en plus fréquents de combats en milieu urbain.
Les attaques de précision sont également souhaitées lors des autres missions d’appui-feu, comme celles d’interdiction aérienne, Alert Air Interdiction (x-AI), au cours desquelles les avions volent au-dessus du théâtre d’opération à la recherche d’objectifs d’opportunités.
Ces missions d’interdiction sont complétées par des missions SCAR (Strike Coordination and Recce). La liaison 16 permet à l’ensemble des acteurs de partager les informations disponibles, avec une présentation graphique.
La pratique du DACAS, Digital Aided CAS, nécessite des flux d’informations entre les PC, les unités de FAC et les vecteurs aériens. Liaisons satellitaires et L16 permettent les échanges de données sous différents modes.
L’ensemble de ces notions (et d’autres encore !) sont employées par plus de 700 militaires des 8 nations qui participent à Serpentex 2014. Une bonne partie d’entre eux ne sont pas déployés dans les aéronefs ou sur les lieux d’exercice, mais oeuvrent dans des salles où l’on trouve quantité d’ordinateurs.
Conçu il y a quelques mois et exposé par le directeur de l’exercice, le Lt-Cl Arribaud, le scénario de Serpentex paraît presque prémonitoire : Il s’agit d’une province sécessioniste et d’un groupe insurgé qui se livre à des exactions et cherche à récupérer des armements.
Mais à terre, durant Serpentex 2014, les effectifs sont modestes : 60 militaires amis, et 15 ennemis. Sans compter 35 unités FAC qui vont bénéficier de l’entraînement.
Les moyens aériens dédiés sont importants, avec huit 2000D de Nancy, trois 2000N d’Istres et des Rafales B de Saint-Dizier qui s’ajoutent aux monoplaces de Marsan (le 2/30 Normandie-Niémen).
Présence également certains jours d’un Atlantique ou d’un Harfang du 1/33, pour les moyens ISR (Intelligence Surveillance and Reconnaissance). Peu d’avions étrangers sont sur la base, mais on remarque trois AMX des 32e et 51e Stormi, munis de pods de désignation Litening.
Ainsi que deux Hawk, sans pods, mais pilotés par des spécialistes de l’entraînement des FAC. Parmi les militaires étrangers, les Britanniques forment d’ailleurs le plus gros contingent. Quinze équipes FAC sont opérationnelles chaque jour lors de Serpentex 2014.
Dans une équipe FAC de 4 personnes, on compte : un FAC, un opérateur de transmissions, un tireur de protection, et un spare. L’élément indispensable est la radio cryptée, viennent en option les équipements infra-rouges, laser, jumelles spéciales.
Pour ce qui est des moyens d’appui aérien, une journée se déroule avec quatre vagues de missions, chacune d’entre elle comprenant des patrouilles échelonnées. Pas de décollage en masse comme au TLP ou au Tiger Meet.
Une vague se compose au maximum de : 3 patrouilles de 2000D de la Trois, 3 de Rafale, une de 2000D du CEAM, une de 2000N, une de Hawk et une de AMX.
Les F-18 espagnols opèrent depuis Zaragoza, à raison d’une patrouille par vague. Une fois que chaque patrouille est arrivée dans sa zone d’exercice, il y a une phase de présentation et d’échange mutuel d’informations.
La patrouille passe ensuite aux ordres du sol (d’un poste de commandement local appelé TOC) qui décide de son engagement et la dirige sur une équipe FAC. L’ordre de tir ou « nine-line » arrive ensuite par différentes voies (radio ou L16).
Le même processus est répété jusqu’à ce que la patrouille arrive à son minimum de carburant, puis la patrouille suivante prend le relais, etc …
En fonction des résultats de l’édition 2014, les futurs Serpentex pourraient voir une implication de moyens plus importants de l’armée de terre, ce qui est facilement envisageable sur Mont-de-Marsan.
D’après les retours d’expériences de Lybie et du Mali, d’autres évolutions sont possibles pour améliorer l’intégration des différents moyens aériens : avions de l’Armée de l’Air et de la Marine, et hélicoptères de l’ALAT.
De plus, le long cheminement de la défense commune implique une présence toujours plus importante d’éléments FAC et d’aéronefs européens.
Gageons que les événements à venir démontreront la grande pertinence de Serpentex !
Copyright : Alexandre et escadrilles.org
Remerciements : au SIRPA-Air, à l’équipe de communication de la BA 118, en particulier la capitaine Bouvet et l’aspirant Ziane. Merci au CL Viale, au LCL Arribaut, et au LCL Tardif pour leur accueil et leurs explications, ainsi qu’à l’officier commandant le champ de tir de Captieux.