Les élèves-pilotes arrivent à Avord au terme d’une pré-spécialisation transport qui est effectuée à Cognac, sur les mêmes Grob 120 qui ont servi au cursus de « Tronc Commun ».
Le brevet de spécialité « Pilote de Transport » s’obtient à la suite d’une formation d’environ une année à Avord, ponctuée de plus de 100 missions, réalisées en vol et sur simulateur. La totalité des missions en vol sont réalisées à bord des Embraer 121 Xingu : le petit bimoteur, dont l’avionique a été rénovée, est très bien adapté aux missions de l’Ecole d’Aviation de Transport. Une vingtaine d’avions est habituellement en ligne sur la BA 702.
L’Ecole d’Aviation de Transport « Capitaine Jean Dartigues » est basée à Avord depuis 1945, la base aérienne berrichonne hébergeant des unités de l’aviation militaire depuis 1912, avant la création de l’Armée de l’Air. Le Capitaine Jean Dartigues fut abattu le 27 mars 1954 par la DCA Viet Minh, au dessus de la cuvette de Dien Bien Phu, alors qu’il effectuait une mission de parachutage à bord d’un Dakota du GT II/63 Sénégal. Tout l’équipage trouva la mort lors du crash.
Le cursus de l’EAT est en grande partie commun à l’Armée de l’Air et à la Marine, et ouvert également à des forces aériennes étrangères. Le cursus comprend un ensemble de modules de formation, chacun sanctionné par un test en vol : le cursus « Air » comprend 9 modules et le cursus « Marine » en comprend huit (le module Specific Navy Training Flight remplace les modules Tactical Handling et Basic Tactical Navigation).
Dans la formation de pilote de transport multimoteur, le vol aux instruments sous ses différents aspects se taille la part du lion : en effet, au cours de leur cursus, les élèves passent leur qualification CPL/IR (Commercial Pilot Licence / Instrument Rating) au même titre que tous les pilotes professionnels civils. Si certains modules sont menés presque simultanément (comme par exemple General Handling et Basic Instruments), d’autres ont lieu en fin de formation, comme Tactical Handling et Advanced Instrument Navigation.
Une majorité de modules inclut des missions en simulateur, ces dernières étant même majoritaires pour ce qui est des modules de vol aux instruments (au nombre de 4). Les modules orientés vers le pilotage de l’avion et la navigation à basse altitude (au nombre de 5) comprennent en revanche peu de séances de simu. Au cours des missions en vol, l’instructeur occupe la place droite et l’élève la place gauche, sauf pour certaines missions à basse altitude qui réclament une grande expérience du pilotage.
Le pilotage de transport étant un art qui se pratique en équipage, la plupart des missions en vol sont conduites en binôme de deux élèves-pilotes accompagné d’un instructeur. Typiquement, un élève est aux commandes à la mission aller, et le second à la mission retour. A la fin de la formation interviennent les vols les plus longs, à destination d’un aérodrome étranger (Espagne, Italie, Portugal, Allemagne, Autriche, Royaume-Uni), typiques des missions de logistique stratégique qui seront effectuées par les pilotes de transport.
Enfin, un dernier aspect de la formation est vu à l’issue du cursus principal, c’est le MCC (Multi Crew Cockpit). Ce module confronte un équipage constitué de deux élèves à des situations variées, on cours desquelles on travaille la synergie en équipage, le dialogue, le contrôle mutuel, le respect des fonctions et attributions de chacun ; les missions MCC ne sont pratiquées qu’en simulateur (…).
A l’issue de cette formation les élèves-pilotes passent devant un conseil d’orientation, comme lors des phases précédentes ; le CO se prononce sur l’affectation du jeune pilote, en fonction de ses desiderata et de son évaluation tout au long du cursus de spé-transport. Les affectations sont très variées, à l’image des missions de la BAAP : il y a bien sûr le légendaire Transall (sur Evreux), et son accolyte l’Hercules (sur Orléans).
Parmi les avions tactiques, le CASA 235 accueille pas mal de jeunes macaronés : c’est la seule flotte du « COTAM » qui a suivi récemment une phase ascendante. Pour ces jeunes, ce sera Creil dans un premier temps, puis très souvent un détachement ultra-marin, voire africain.
Autre direction possible, les « avions blancs » : TBM-700, Falcon et Airbus (310, 340). Et oui, on n’y pense pas, mais chaque année plusieurs jeunes pilotes commencent leur vie opérationnelle sur des liners avec cocardes.
Enfin, depuis cette année, les jeunes pilotes se voient offrir quelques places sur A400M : dans un premier temps, ils iront peupler la MEST (Multinational Entry into Service Team), avant de prendre part au réveil du 1/61 Touraine, en fin d’année.
Un « détail » : entre leur CO et leur affectation, les élèves pilotes auront acquis leur seconde aile, la cérémonie de macaronage venant marquer leur passage de la ligne qui sépare les élèves-pilotes des pilotes brevetés.
Pour les « directs », ce sont presque 6 années qui se seront écoulées entre l’admission à l’Ecole de l’Air et l’obtention du brevet de pilote, objet de leurs rêves de gamins (et gamines). Alors commence une nouvelle histoire: celle de l’apprentissage opérationnel, en escadron, et des missions réelles partout dans le monde.
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