En ce temps-là, l’OTAN devait déjà gérer l’intervention simultanée de plusieurs forces aériennes, dotées de matériel et de procédures sinon disparates, du moins pas aussi standardisées que celles du Pacte de Varsovie.
C’est pourquoi plusieurs exercices ont vu le jour à la fin des années 50 et au début des années 60, pour permettre aux forces de l’ouest de se rencontrer, se connaître puis enfin de travailler ensemble, de manière à tendre vers une inter-opérabilité maximale. C’est ainsi que les exercices Royal Flush (orientés reco) virent le jour à partir de 1958, et les Tactical Weapons Meet, tournés vers l’appui tactique, apparurent en 1962.
Fusionnées sous les vocables de Tactical Air Meet, à compter de 1978, puis de Nato Air Meet jusqu’en 2005, ces manoeuvres étaient à l’origine une compétition entre les forces de la 2e ATAF (2nd Allied Tactical Air Force) et celle de la 4e ATAF, auxquelles se joignait aussi la France, en dépit de son statut à part, dans l’OTAN sans l’être tout en l’étant.
Il convient de rappeler que la 2e ATAF, composée des forces aériennes néerlandaises, belges, allemandes – stationnées au nord de Kassel – et britanniques (RAF Germany) était chargée de fournir un soutien aérien aux armées nord de l’OTAN (NORTHAG).
La 4e ATAF (USAFE, Canadian Armed Forces et Luftwaffe – sud de Kassel) faisait de même au profit des armées du centre (CENTAG). Les 2e ATAF et 4e ATAF ont été dissoutes en 1993, à l’issue de la guerre froide.
Il n’en demeure pas moins que gérer l’interopérabilité entre les différents membres de l’OTAN reste une préoccupation majeure, centrale de tous les exercices d’aujourd’hui, qu’ils s’appellent TLP, Frisian Flag, ou encore Tiger Meet. Le vocable Tactical Weapons Meet n’avait cependant plus été rencontré depuis 1976.
Les participants
Outre les F16 de la 1ère escadrille, unité organisatrice, et probablement ceux de l’unité voisine, la 350e, l’exercice a regroupé les participants suivants :
– 2 Hawk T1 (100 Sqn, RAF, Leeming)
– 3 Tifon (Ala 11, Ejercicto del Aire, Moron)
– 3 Typhoon (4e Stormo Caccia, Aeronautica Militare Italiana, Grosseto)
– 3 MiG 29 polonais (1 ELT, Minsk Mazowiecki)
– 2 F-4E Peace Icarus 2000 (probablement 338 Sqn, Andravida, Grèce)
Sans faire injure aux autres participants, il convient de reconnaitre que l’annonce de la venue des deux Phantom grecs a généré un émoi certain auprès des spotters, qui se sont avérés nombreux, peut-être plus nombreux encore qu’aux spotter day’s du Tiger Meet de Landivisiau.
Les Phantom grecs
Les deux Phantom en question font partie du premier lot acheté (Peace Icarus I), soit 36 avions, en 1972. Un second lot de 18 F-4E, complété par 8 RF-4E, fut acquis en 1974. En 1990, 28 autres F-4E furent acquis en seconde main auprès de diverses unités de l’Air National Guard, concurremment avec 27 avions de reconnaissance ex-Luftwaffe.
Alors que les derniers RF-4E ont été retirés en mai dernier, les Phantom des 338e et 339e Sqn d’Andravida ont encore quelques années devant eux, ayant été modernisés au début des années 2000, via le programme Peace Icarus 2000.
Réalisé sous la maîtrise d’œuvre de la Société Allemande DASA (aujourd’hui partie de Airbus EADS), qui avait déjà modernisé les F-4F allemands, ce programme avait pour ambition de porter le Phantom au niveau d’un appareil de 4e génération.
Pour l’essentiel, l’amélioration consistait alors à le doter d’un radar multimode APG-65 de F-18, d’un HUD, d’un système HOTAS et d’électronique israélienne. Côté armement, on note l’introduction de missiles AMRAAM, d’un pod de désignation/reconnaissance Litening II et de munitions intelligentes.
Enfin, – et doit-on s’en féliciter en tant que spotters ? -, certains moteurs J-79 se sont vus dotés de nouvelles chambres de combustion, réduisant ainsi leur émission de fumée.
Un des deux Phantom ne fumait ainsi pas du tout …
Les invités
La Première avait fort bien fait les choses, en conviant de très intéressants visiteurs, tels que notamment deux Marchetti SF-260 de Beauvechain et l’Alpha Jet décoré de l’AJETS.
Côté pointus, on a aussi vu le nouveau F-16B décoré de l’OCU (Operational Conversion Unit), ainsi que celui de son voisin à Kleine Brogel, du 349 Smaldeel.
Deux Mirage 2000-5 de Luxeuil ont fait une présentation (très) dynamique fort remarquée et appréciée, d’autant plus que dans la patrouille figurait l’avion décoré à l’occasion du centenaire de la mort de Georges Guynemer.
Une journée mémorable
Il n’est pas exagéré d’affirmer que ce Spotters Day figure parmi les plus belles manipes organisées ces dernières années : plateau copieux, avions mythiques, météo de la partie (sauf pendant la démo des Mirage, c’est dommage), et organisation parfaite.
Il est agréable de sentir que les besoins des photographes étaient identifiés, connus, et pris en compte.
Le simple fait de tondre les pelouses, au niveau de la zone spotters, afin que les roues des avions soient dégagées de l’herbe, en dit long sur le fait que tout a été fait pour contenter le public.
Que dire aussi des nombreux passages que les avions faisaient avant d’atterrir … spectacle qu’on ne voit plus dans les meetings depuis bien longtemps.
Les Espagnols, notamment, étaient déchaînés !
Donc, vraiment, bravo les Belges, et merci … vous avez fait très fort !!!
A la Première !!!
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